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Adam McEwen

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

La galerie Art:Concept accueille la première exposition personnelle en France d’Adam McEwen, artiste surfant avec humour sur les résidus du Pop Art, de l’art conceptuel et de l’art minimal.

A la suite des artistes du Pop Art, le Britannique Adam McEwen met au cœur de son travail le rapport à l’objet du quotidien et à ses simulacres. Présent l’année dernière au sein de l’exposition Under Pressure, organisée dans la même galerie par Bill Cournoyer sur le thème des nouvelles pratiques picturales, McEwen revient à Paris pour montrer l’étendue de son travail.

On retrouve ainsi un avatar de ses toiles parsemées de chewing-gums (Bomber Harris (Phosphor), 2007), au propos peu ambitieux, mais dont l’étrangeté matérielle fait toujours effet. C’est également à l’ambivalence du matériau que McEwen s’attache dans deux œuvres exécutées en graphite massif. Avec humour, l’artiste reprend une œuvre emblématique de l’art minimal, une sculpture horizontale à deux dimensions de Carl Andre, constituée de carreaux alignés pour former un rectangle (Das Boot, 2007).
Plus loin, c’est un climatiseur accroché au haut de la cimaise qui a été réalisé dans la même matière (Untitled (Friedrich), 2007). Dans Untitled (Mamma Mia) (2007), McEwen agrandit de manière démesurée une carte de téléphone, ou, dans Ooops (2007), la reproduit sur toile. A la suite de Warhol et de ses Brillo Boxes, ou du Rabbit du «néo-Pop» Jeff Koons, McEwen détourne la matérialité et la taille premières de l’objet pour le transmuer en œuvre d’art.

La série des Untitled Text Msg (2007) fait quant à elle référence à l’art conceptuel dans son usage du langage. Des textes instantanés de téléphone portable sont reproduits en grand format à l’adhésif, directement sur le mur de la galerie. Les messages formulés, comme «Can this wait?» ou «Hahahahah ur so fabulous!!», plongent le spectateur dans un univers fictionnel inconnu, qu’il tentera de reconstituer, comme dans les Untitled (Phone Call), qui imitent la technique consistant à retrouver le message d’un Post-It en grattant la surface de la feuille suivante.

Artiste multiforme, McEwen propose avec Three-Second Memory (2007), deux miroirs verts oblongs posés de biais au bas d’un mur, un intéressant dialogue avec l’espace: comme dans C-Curve d’Anish Kapoor (visible actuellement dans l’exposition Contrepoint 3 au Louvre), l’espace du spectateur et celui de l’œuvre se confondent, pour en troubler la perception et en révéler le simulacre.

Adam McEwen
— Ooops, 2007. Acrylique sur toile. 96 x 61 cm.
— Untitled (Friedrich), 2007. Graphite. 48 x 66 x 6 cm.
— Bomber Harris (Phosphor), 2007. Peinture phosphorescente et chewing gum sur aluminium. 167 x 122 cm.
— Untitled (Phone Call # 2), 2007. Crayon, acrylique et gesso sur balsa. 8 x 13 cm.
— Form, 2007. Photocopie. 114 x 76 cm.

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