ART | EXPO

Ad Nauseam

20 Sep - 25 Jan 2015
Vernissage le 19 Sep 2014

Tania Mouraud, artiste inclassable née en 1942, pratique un art engagé qui interroge les rapports de l’art et des liens sociaux, la responsabilité de l’artiste dans la société, face à l’histoire. Elle présente ici une vidéo inédite accompagnée d'une création sonore, ainsi qu’un affichage monumental sur les façades extérieures du musée.

Tania Mouraud
Ad Nauseam

Pour la rentrée, le Mac/Val présente une monographie de Tania Mouraud, figure majeure de l’art contemporain français, qui interroge à nouveau la condition humaine. L’exposition réunit une création audiovisuelle coproduite avec l’Ircam-Centre Pompidou, un affichage monumental sur les façades extérieures du musée ainsi que de multiples interventions dans la ville de Vitry-sur-Seine.

L’installation audiovisuelle monumentale occupe la totalité de la salle d’exposition temporaire. Elle confronte le spectateur à un des thèmes majeurs de l’artiste, celui de la destruction par l’Homme de sa propre histoire, évoquée ici par l’élimination massive de livres dans une usine de recyclage. Le traitement de ces livres, en tant que témoignage de l’histoire, peut être compris comme une métaphore de la destruction de la pensée.

Tania Mouraud, à la manière du pinceau sur une toile, utilise la caméra pour capturer le réel, dresser un constat. Les bulldozers broyant des livres à un rythme effréné ne sont pas sans renvoyer à d’autres images mentales collectives de l’Histoire. Vidées de toute présence humaine, ces images feuilletées sur trois écrans qui semblent déborder, donnent à voir un désastre sans fin.

Cette vidéo inédite s’accompagne d’une création sonore réalisée par Tania Mouraud, à l’occasion de sa résidence à l’Ircam entre 2013 et 2014. Elle souligne l’agressivité des machines et renforce la puissance et le caractère tragique et destructeur de cette action irréversible de l’Homme, action qui condamne toute leçon face aux erreurs du passé. Ce montage de plus de 1500 samples de sons mécaniques, industriels et sourds renforce la violence de la machine créant ainsi l’équivalent sonore de la dynamique visuelle. Le son, utilisé comme arme, nous ramène aux images et inversement. Avec ce triptyque vidéo de près de 35 mètres de long et 7 mètres de haut et une spatialisation du son sur une trentaine de points de diffusion, la salle d’exposition devient un espace à vivre, de réflexion où le spectateur fait l’expérience sensible d’un univers mécanique et industriel.

Tania Mouraud, à travers son intervention à l’extérieur du musée, prolonge son processus d’écritures dans l’espace public. Depuis plus de vingt ans, elle crée des peintures abstraites en incrustant des phrases plus graphiques que lisibles de par leur traitement typographique, aujourd’hui très reconnaissable. Si elle a commencé avec des phrases iconiques et politiques pouvant s’assimiler à des slogans, elle poursuit, aujourd’hui, avec des expressions de plus en plus intimes, sensibles, émotionnelles, poétiques, universelles, comme des phrases de résistances, souvent reprises dans ses performances. Elle s’empare ainsi de la façade latérale du musée de 40 mètres, avec la phrase «Ceuxquinepeuventserappelerlepassésontcondamnésàlerépéter» qui vient rappeler aux Hommes leur manque de remise en question face à l’Histoire. Elle fait écho à l’installation Ad Nauseam à l’intérieur du musée et donne à réfléchir sur une position citoyenne face à l’état de notre monde. Une autre œuvre sur la façade frontale reprend l’expression «Mêmepaspeur», reproduite également sur les billets d’entrée.

Enfin, à l’instar de son intervention à Quimper en 1996, Tania Mouraud occupe plus de soixante-dix panneaux d’affichage de Vitry-sur-Seine, dans le cadre du festival Mur/Murs, à partir du 3 octobre 2014. Pour cette action éphémère dans l’espace urbain, elle place au cœur de la ville la célèbre phrase de Martin Luther King, «Ihavedream».

En s’emparant des espaces réservés aux messages publicitaires, elle brouille les codes et place comme toujours le spectateur, le passant, dans une position de questionnement devant l’indéchiffrable, le conviant à marquer un temps d’arrêt, à prendre son temps. Comme pour rappeler que l’art peut — encore — être un acte de résistance collectif.

Vernissage
Vendredi 19 septembre 2014 à 18h30

critique

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