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Act & Comme un seul homme

15 Avr - 14 Juin 2015
Vernissage le 15 Avr 2015

Cette exposition offre une double approche de l’œuvre de Denis Darzacq, photographique et vidéo. Elle présente «Act», un travail mené au contact de personnes en situation de handicap, et «Comme un seul homme», sa dernière série réalisée à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Denis Darzacq
Act & Comme un seul homme

«Act» est le fruit d’un long travail que Denis Darzacq a mené au contact de personnes en situation d’handicap. Si certains sont des acteurs, des sportifs ou des danseurs, tous ont trouvé dans l’action et dans l’appropriation personnelle de l’espace commun le moyen d’affirmer la complexité de leur individualité au-delà de leur statut assigné et réducteur d’handicapés.

Denis Darzacq n’ignore pas la différence créée par le handicap. Mais elle cède la place à l’affirmation d’un univers mental particulièrement sensible dans les mises en scène où la direction d’acteur est appuyée par la spontanéité, voire l’excentricité, des modèles qui construisent avec leur environnement des situations fortement empreintes d’onirisme.

Denis Darzacq développe un travail personnel depuis le milieu des années 1990. De la photographie de presse, qui fut, comme pour d’autres photographes français de sa génération, le berceau de sa pratique artistique, il conserve avant tout un regard aiguisé sur la société contemporaine et une méthode. L’artiste sait, en effet, prendre le temps d’un long travail de terrain au contact direct de son sujet. Mais il a rompu avec le reportage et sa valeur de témoignage pour adopter une démarche plus analytique donnant lieu à des séries formellement très cohérentes.

Denis Darzacq a acquis la conviction qu’une image construite pouvait paradoxalement servir son analyse de la société avec plus d’efficacité. Aussi recourt-il, depuis 2003, à des mises en scènes qui reposent toutes sur le principe de la disruption. Par leur état ou leur pose, les corps mis en scène bouleversent l’ordre établi, mais sans jamais faire basculer l’image dans le spectaculaire. Des hommes et des femmes marchent nus dans des zones pavillonnaires; d’autres semblent figés en apesanteur dans l’espace urbain ou entre des rayons de supermarchés; des personnes en situation de handicap reprennent avec force possession de l’espace public.

A l’exception de motifs plus abstraits — les reflets de sources lumineuses de «Fakestars», les natures mortes de «Recomposition II» — qui traduisent un même sens de l’observation des signes du monde contemporain, le corps apparaît comme le dénominateur commun des recherches de Denis Darzacq. L’artiste le conçoit comme une sculpture. Mais une sculpture sociale car le corps ne peut être extrait du contexte avec lequel il interagit. L’artiste en fait l’outil d’une critique des difficultés et des stigmatisations auxquelles se heurtent certains groupes, tout particulièrement les jeunes des quartiers défavorisés ou des zones reléguées, plus globalement, comme dans «Act», les populations en marge.

Denis Darzacq pointe les contraintes et les contradictions sociales. Mais il invite aussi, par la rupture de gestes dépourvus de sens, à affirmer une identité toujours plus complexe que celle qui nous est assignée et à reconquérir une forme de liberté là où elle semble avoir disparu.

«Comme un seul homme» donne à entendre un texte écrit à partir de lettres inédites de soldats français, anglais et allemands, dans la bouche de jeunes d’aujourd’hui en visite sur les lieux de mémoire de la Grande guerre. A travers leur manière de le dire faite d’enthousiasme, d’hésitation, d’indifférence, de soumission à l’exercice ou d’implication profonde, se dessine le portrait d’une génération en écho de celle qui monta à l’assaut des tranchées au même âge. Et pose cette question: est-il possible de rendre accessible, audible et compréhensible des événements qui se sont passés il y a un siècle?

Pour Denis Darzacq, ce projet devait s’inscrire dès le départ dans une autre forme que celle de l’instant photographique. Il s’agit pour ces jeunes de prendre position par rapport à un environnement (ces lieux de bataille chargés d’histoire) mais aussi par rapport à une mémoire, à un récit sorti de l’oubli (ces lettres inédites) qui se comprend et qui s’énonce dans la durée.

Ce film naît d’une construction formelle volontairement forte, qui met en scène le choc brutal de deux réalités, la confrontation entre la puissance des textes et la présence de ces jeunes à l’écran qui font ce qu’ils veulent et ce qu’ils peuvent, face à un tel passé et une telle histoire.

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