ART | EXPO COLLECTIVE

Accumulation. Topos de l’indicible

20 Mar - 25 Avr 2010
Vernissage le 20 Mar 2010

Les œuvres réunies ici démontrent par différents moyens — sculpture, dessin, installation et photographie — ce rapport de l’accumulation à l’indicible. Elles provoquent un «comblement» de l’œil et de l’esprit, qui peut diriger vers la capture d’un apogée, d’un paroxysme, d’une certaine idée.

Eugen Gomringer, Horst Haack, Nicolas Lieber, David Mach, Jean-Luc Parant, Carmen Perrin, Vera Röhm
Accumulation. Topos de l’indicible

Tout au long de l’histoire de l’art, nous retrouvons des artistes ayant recours à la profusion, à la répétition, à l’excès pour la réalisation de leurs œuvres. Ce procédé qui intègre l’abondance dans l’art peut contribuer à faire surgir l’inexprimable, l’indescriptible.

Les œuvres réunies dans cette exposition démontrent par différents moyens – sculpture, dessin, installation et photographie – ce rapport de l’accumulation à l’indicible. Elles provoquent un «comblement» de l’œil et de l’esprit, qui peut diriger vers la capture d’un apogée, d’un paroxysme, d’une certaine idée.

La possibilité d’atteindre ce sommet passe forcément par l’invention. Pour la concrétisation de leurs œuvres, les artistes ont conféré un ordre à un ensemble qui sans cela serait désordonné. Une démesure qui a conduit à une mesure contribuant à éveiller l’imaginaire.

Un «amas» qui a pris forme dont la suite est créé par le spectateur. Comme l’a signalé Roland Barthes dans l’un de ses ouvrages: «le trop est le régime de l’imaginaire».

Utilisant les mots comme seul matériau pour ses créations, Eugen Gomringer s’approprie non seulement leur forme mais aussi leur aura. Dans un subtil agencement des deux, l’artiste extrapole la simple représentation de ces signes pour amener à leur indescriptible sens. Dans Silence, 1953, le sens du mot est évoqué par son absence.

Dans Si Dieu existe, il est un, s’il n’existe pas, il est plusieurs, 2010, Horst Haack réunit 181 crucifix agencés de telle manière qu’en prenant recul le spectateur perçoit les contours de l’Étoile de David. Basée sur une dynamique du va-et-vient, d’une vision du proche et de l’éloigné, l’œuvre joue sur la perception du détail et de l’ensemble.

Dans son questionnement sur le statut qui peut être conféré à la photographie dite «artistique» par rapport à celles sauvegardées dans des albums de souvenirs, Nicolas Lieber crée un Mur, 2009, dont le pullulement d’une multitude de photos de petit format est mis en tension avec celle, unique, d’un tirage plus grand qui provoque une divagation oculaire. C’est au spectateur de créer sa propre mise au point.

Les collages de David Mach reprennent ce principe d’une même image juxtaposée des centaines de fois afin d’en créer une toute autre. Dans Portrait, 1995, des cartes postales du Lac de Genève sont accumulées pour créer le portrait d’un de ses habitant. Ses créations, initialement conçues pour dénoncer avec humour et ironie la consommation à outrance, font émerger la beauté du quotidien, transfigurant l’ordinaire en extraordinaire.

À partir du répertoire élémentaire que Jean-Luc Parant a choisi depuis longtemps pour façonner son travail artistique et littéraire constitué principalement par «des boules et des yeux», ses Bibliothèques idéales, 2005, bousculent, comme d’habitude dans sa démarche, les notions de tactile et d’optique.

Pour sa série intitulée «Tracé tourné», 2009, Carmen Perrin réalise ses dessins sur une table circulaire rotative. La longueur du rayon de la table correspond à la longueur de son bras tendu qui tient le crayon. En jouant sur l’intensité de la vitesse de rotation, ainsi qu’en variant la force d’appui de la mine graphite ou du crayon de couleur, elle fait «monter» le dessin comme le céramiste travaille son pot d’argile.

Pouvant être considérée comme un paradigme de la quête assidue de Vera Röhm, la représentation d’une même idée sous différentes formes est présente dans les œuvres intitulées Einschnitte im Würfelsystem et Würfel-Module, 1986-2009. Elles explorent ad infinitum les multiples déclinaisons formelles d’une même figure géométrique, qui dans ce cas est le cube. La surface plane du premier et la tridimensionnalité de l’autre créent un décalage entre deux réalités dans lesquels s’infiltre l’énigme de la concrétisation.

AUTRES EVENEMENTS ART