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About decline

24 Oct - 06 Jan 2013
Vernissage le 24 Oct 2012

La pratique du jeune photographe toulousain, Gaël Bonnefon, traverse un monde en déliquescence dans lequel chaque photographie s’essaye à poser un pas, l’une après l’autre, sur le fil d’un réel qui menace de se rompre et de rejoindre son double fantasmé.

Gaël Bonnefon
About decline

Réalisées à fleur de peau les images de Gaël Bonnefon tracent une sorte de documentaire personnel qui sillonne des situations inconscientes, des personnages en perdition, pour une fiction qui s’ancre dans son quotidien. « About decline », corpus vivant où l’auteur puise la matière de ses expositions, décrit un monde crépusculaire; mais la nuit ne viendra jamais. Il ne s’agit pas d’une agonie, plutôt d’une éternelle lumière déclinante. Son jeu de clairs obscurs et de flashs, ses ciels laiteux et ses couleurs saturées à bloc confèrent à ce travail une tragique étrangeté, abandon et parfois destruction.

Somnolent, oscillant de ce lieu à son écho chimérique, de ce visage à son double fictionnel et disparate, se tenant à la lisère du quotidien et de son spectacle, il ne s’agit pas d’être le héros de sa propre histoire mais le spectateur de sa propre tragédie.

Les décors peuvent bien être réduits en un tas de cendres, les êtres se retirer dans leurs néants, les arbres paraître mentir et les lumières corrompre les espaces; éprouver le monde comme double c’est ici consentir à son altération ainsi qu’à celle des frontières qui séparent l’autre de soi même et le réel de la fiction.

Mourir… dormir, rien d’autre; et d’un sommeil se dire qu’on en finit du mal de cÅ“ur, des mille chocs naturels dont hérite la chair: tel est le dénouement à souhaiter à genoux. Mourir… dormir; dormir… peut-être rêver.

Les couleurs du monde sont mises en tension, elles peinent à contenir les corps, la bordure des choses s’use à dompter le tiraillement de tonalités déclinantes. L’image s’abîme dans la matière. Ce monde rêvé a une peau et les images en ruminent les mouvements intérieurs, le photographe comme un peintre y apporte son propre corps, lui qui participe de l’événement, qui s’inscrit dans l’ébauche des tableaux et dont les yeux se font yeux de chair.

Nous ne mourrons pas c’est le monde qui nous quitte La poursuite du déclin nécessite une vitalité hors norme, une vigilance quotidienne qui sans cesse se penche sur les remparts de l’évanouissement et implique une urgence qui n’est effective qu’à la condition de ne jouer jamais qu’en perdant, de ne sauter que pour la chute, de ne tenter que pour la saveur de l’échec. Il s’agit de se tenir devant l’abîme qui se dresse entre soi et le monde, au rebord des choses et de leurs défaillances.

Ce n’est là qu’un monde qui meurt lentement devant l’autre qui renaît sous de fabuleuses couleurs pour s’assombrir et retourner comme il se doit à l’état de rien. Contre ce gouffre qui aspire un univers animé par son propre crépuscule, au dessus duquel ces êtres issus d’un hasard irrémédiable se penchent, s’exerce une lutte. C’est contre cet hasard que se poursuivent les gestes, se dressent les corps, se font les images, déjouant les sourdes opérations de ce monde, cherchant obstinément à révéler dans l’inventaire du monde, une seule image, celle de la présence perdue.

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