Communiqué de presse
A.R. Penck
Peintures et bronze
En 1996, sa première exposition à la galerie, «La mort du Temps», livrait les réflexions de l’artiste sur le nouvel état de l’Allemagne, tout en nous replongeant dans le discours fondateur de son oeuvre, celui d’un langage plastique universel articulé autour de la figure du Standart. En 2000-2001, «Sur les Méthodes de la Peinture» nous permettait d’appréhender le processus de construction picturale de Penck, conçu dans une méthodologie cartésienne. Dans Ereignisse im Unbekannten (Evénements dans l’Inconnu) en 2003, Penck s’intéressait avant tout à la composition de la toile, dans laquelle l’explication rationnelle disparaissait face à un désir d’abstraction de plus en plus présent : entre le désir de complexité et le désir d’abstraction, l’ego reste enfermé.
Aujourd’hui, Penck poursuit cette réflexion plus avant encore, tout en marquant un véritable tournant dans son expression picturale.
«L’analyse et la représentation du rapport entre signes, symboles et figures se poursuivent, la figure elle-même, plus abstraite, plus composée et plus complexe devenant une forme. Les ensembles d’idées, de sentiments et d’expériences apparaissent telles des figures synthétiques, de la même manière que des cènes, des paysages et des natures mortes. La bande de temps se déplace lentement de UR à END, si bien qu’on assiste à la composition d’une structure faite de signaux, qui prennent la forme d’une figure, dans laquelle mes contrastes sont tant minimisés que maximisés et dont la palette est réduite à quelques couleurs de base.» (Penck, septembre 2007)
Les 24 nouvelles toiles présentées dans cette exposition illustrent parfaitement ce propos. Penck s’éloigne de toute conception illusionniste ou trop proche du réel, marquant ainsi une différence visible avec ses peintures antérieures. Ainsi, dans Gespräch am Abend (Conversation le soir, 2000), Penck se représentait de manière très explicite conversant avec Descartes, sous les traits si distinctifs et reconnaissables des deux hommes. Aujourd’hui, Andromède ne nous apparaît pas comme une figure féminine, mais comme une forme noire abstraite. De même, ses scènes de chasse, sujet fétiche de Penck, faisaient figurer chevaux, lions et éléphants de manière visible comme dans les peintures rupestres; celles-ci ont évolué vers des figures et paysages synthétisés, réduits à un ensemble de formes abstraites dans un graphisme volontairement primitiviste. Car, comme le soulignait l’artiste en 2003, «dans le désir d’abstraction, l’idée romantique disparaît…»
Cette abstraction de l’oeuvre s’accompagne d’une complexification des formes et d’une présence visuelle accrue des signes et symboles, aujourd’hui utilisés pour définir ces figures devenues abstraites mais surtout, plus que jamais, destinés à donner un équilibre à la composition globale. La couleur apparaît aussi ici comme une composante essentielle de la structure abstraite. Tirée d’une palette réduite, où prédominent les couleurs de base et quelques autres tonalités très franches, la couleur vient interférer dans le rapport entre signes et formes.
Comme toujours chez Penck, les sujets d’inspiration sont multiples et mêlent réalités, pensées et sentiments, parfois au sein d’une seule et même oeuvre. Cette absence de délimitation dans le sujet évoqué entre le réel et le mental ou le sensible se retrouve dans la volonté de l’artiste de ne pas trancher entre figuration et abstraction, passant souvent de l’une à l’autre. Ainsi, dans ses recherches plastiques, si Penck est toujours resté attaché à la figure, il n’en est jamais totalement prisonnier, évoluant parfois aux limites de l’abstraction, à l’instar de certaines séries de peintures des années 70.
Les 4 sculptures en bronze exposées permettent de mieux appréhender encore cette volonté marquée d’atteindre et de révéler l’essentiel. Penck, qui ne se considère pas comme un peintre-sculpteur, mais à la fois comme un peintre et un sculpteur, s’offre ainsi deux manières différentes d’appréhender le monde et la réalité environnante.
Artiste
A.R. Penck
Né en 1939 à Dresde en Allemagne, A.R. Penck thématise dans ses œuvres avec clarté et intensité la division de l’Allemagne et les contradictions entre les systèmes politiques de l’Est et de l’Ouest. Ayant quitté la RDA en 1980, il vit désormais à Dublin.
Infos pratiques
> Lieu
Galerie Jérôme de Noirmont
38, avenue Matignon. 75008 Paris
M°Miromesnil
> Horaires
Lundi-Samedi: 11h-19h
Fermé du 23 décembre au 1er janvier 2008.
> Contacts
T. 01 42 89 89 00
Mail: info@denoirmont.com
Site: www.denoirmont.com
> Entrée libre
critique
A.R. Penck. Peintures et bronze