ART | EXPO

A la bonne heure!

29 Juin - 12 Oct 2008
Vernissage le 28 Juin 2008

L’exposition «A la bonne heure ! » à la Villa Arson réunira quelques pièces fondamentales de Jean Dupuy motivées par des jeux de mots, des anagrammes et des mécanismes absurdes.

Jean Dupuy
A la bonne heure!

La carrière de Jean Dupuy commence dans les années 50 par une pratique de la peinture abstraite proche de l’Ecole de Paris. Il fréquente alors Vincent Barré et Jean Degottex, mais aussi Bernard Heidsieck. En 1967, il s’installe à New York. Il participe l’année suivante au concours Experiment in Art & Technology lancé par Bill Klüver et Robert Rauschenberg. Sa pièce Heart Beats Dust remporte le premier prix. Elle est exposée simultanément au Brooklyn Museum et au Moma. Les pulsions cardiaques d’un visiteur sont captées et amplifiées par un stéthoscope
électronique qui agit aussitôt sur une membrane qui propulse, dans un faisceau lumineux en forme de cône à base pyramidale, un nuage de pigment organique rouge enfermé dans un caisson vitré. Le succès est immédiat. Il intègre la galerie Sonnabend et enseigne à la School of Visual Arts N.Y.C. Il entame alors une série de pièces aux fondements « technologiques » dont Ear (1972), qui permet à chaque visiteur de regarder le fond de sa propre oreille grâce à un mécanisme aussi absurde qu’efficace.

Mais l’enchaînement traditionnel des expositions ennuie Jean Dupuy. Il se lie au Guerilla Art Action Group qui revendique un comportement anti establishment. Il quitte sa galerie et organise en 1973 dans son studio au 405E, 13th St. une exposition avec une trentaine d’artistes dont Larry Rivers, Claes Oldenburg, Nam June Paik, ses voisins de palier. Aucune oeuvre n’est à vendre, beaucoup sont invisibles, immatérielles comme celle de Gordon Matta Clark.
L’opération se renouvellera trois années d’affilée. Jean Dupuy commence parallèlement à organiser des performances collectives dans lesquelles s’entrecroisent un grand nombre d’artistes, la plupart liés au mouvement Fluxus, mais aussi des personnalités comme Richard Serra, Philip Glass ou Laurie Anderson. Ce sont les Three evenings on a revolving stage de la Judson Church, ou les mythiques soirées de la Kitchen, dont le repas Soup & tart qui réunit près de 200 personnes. Il se lie d’amitié avec George Maciunas, ce qui fera dire de lui qu’il était un artiste fluxus alors qu’il ne l’a jamais été historiquement, sauf par affiliation momentanée durant ces quelques années.

En 1977, il ouvre avec son épouse un restaurant, puis arrête en 1979 toute activité liée à la performance. Il produit peu à peu des pièces aux mécanismes poétiques comme Lazy Susan (1973), constituée d’une roue mobile (suspendue sur deux échelles) dont le roulement à bille est bloqué, mais qui, malgré tout, continue à tourner « paresseusement » en suivant le mouvement de la terre. Il écrit enfin ses premières anagrammes tel Venus Unique Americain Red / Univers Ardu En Mécanique et devient Ypudu anagrammiste, inventant des textes
mettant en scène des personnages tels que Léon le bègue qui se joue du langage en s’imposant des équations poétiques de mots. Ses textes – qui fonctionnent comme des partitions musicales à déchiffrer – deviennent au fil du temps des oeuvres à part entière ou des livres d’artistes qu’il aime réaliser en série.

L’exposition «A la bonne heure ! » à la Villa Arson réunira dans la galerie carrée quelques pièces fondamentales de l’artiste, dont Lazy Susan, Aero Air, Is She Pregnant ?, Chocolat ou Fewafuel (jeu de mots avec fire/earth/wather/air et fuel), produite en 1970 par la Cummins Engine Company, grande entreprise américaine spécialisée dans les produits liés à l’industrie du diesel. L’oeuvre est composée d’un moteur en activité dont les traces nocives de combustion sont stockées dans une boule en pyrex reliée au mécanisme interne. A l’époque, la pièce fit scandale car
elle mettait à jour les effets polluants des moteurs produits par l’entreprise mécène. Elle fut retirée au bout de quinze jours d’exposition.

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