ART | CRITIQUE

A Fleur de peau: le dessin à l’épreuve

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Exposer le dessin dans la diversité de ses expressions, voilà un projet qui sied parfaitement à la programmation de la galerie Eric Dupont. Le galeriste aime le dessin et le revendique, pour sa capacité à transmettre de manière directe et sans artifice la pensée de l’artiste.

Cette exposition illustre comment, avec différents moyens, le dessin exprime un monde intérieur singulier. Le trait, geste sensible, cristallise l’idée avec émotion et fragilité. Il devient signe habitant un espace, donnant forme à la vision imaginaire de l’artiste. De manière récurrente, il habite la feuille de papier, mais il peut aussi prendre des formes plus originales lorsqu’il se fait fil de fer se déployant dans l’espace et prenant forme humaine (Lætitia Legros) ou quand il investit la surface d’un écran plasma comme dans les vidéos de Yasid Oulab.

L’extrême simplicité de moyens réunit ces œuvres. L’image prend naissance par quelques traits ou touches de couleur, notamment dans les dessins qui suggèrent le corps humain comme ceux de Damien Cabanes, Claire-Jeanne Jézéquel, Siobhan Liddell, Raphaëlle Paupert-Borne ou Gabrielle Wambaugh.

Le dessin peut également se faire pratique quotidienne ou rendre compte d’un aspect de la vie de l’artiste avec une part autobiographique comme chez Jean-Marie Biwer, Emmanuelle Rapin ou Myriam Mechita. Là, il touche le monde de l’enfance et fait émerger les souvenirs à la surface du papier: un monde aux formes brouillées et colorées chez Marine Joatton ou un monde aux couleurs fanées chez Kotscha Reist.

Mode d’expression direct, le dessin convient au mode narratif. C’est ainsi que les deux artistes israéliens Gil & Moti racontent leur histoire d’amour à trois, avec un garçon palestinien. A côté de ces scènes intimes, d’autres visions s’expriment sur les cimaises, avec les encres et aquarelles du Camerounais Barthélémy Toguo ou les compositions lyriques de l’artiste afro-cubain Manuel Mendive.

Reste que le dessin se prête idéalement aux expériences de l’œil et de la forme. Le trait investit la feuille blanche et construit un équilibre entre le plein et le vide chez Wilson Trouvé ou Didier Mencoboni. Paul Pagk, lui, se livre à une expérience plastique similaire mais cette fois en larges plages de couleur.

Une exposition multiple qui ouvre des portes sur la pratique des artistes contemporains et la gestation de leurs œuvres. Un parcours aux prises directes avec la création.

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