ART | EXPO

À fleur de peau II: le dessin à l’épreuve

10 Jan - 28 Fév 2009
Vernissage le 10 Jan 2009

Tour à tour méticuleux, fragiles, all over ou inquiétants, les dessins présentés ici témoignent de l’audace de leurs auteurs, de leur capacité à réduire le monde à un geste ou à quelques traits.

Damien Cabanes, Didier Mencoboni, Clément Bagot, Lætitia Legros, Penny Yassour, Yazid Oulab, Marine Joatton, Paul Pagk, Thierry Costesèque et Siobhan Liddell
À fleur de peau II: le dessin à l’épreuve

La Galerie Eric Dupont présente l’exposition « À fleur de peau II: le dessin à l’épreuve ».

« Ceux qui connaissent la galerie l’auront compris, j’affectionne tout particulièrement le dessin. En effet, il y a trois ans lors de la précédente exposition consacrée au dessin, je m’étais posé la question du : pourquoi le dessin ? Et j’y avais répondu par une sentence assez lapidaire :
« parce que j’aime ça ! ».

Le souvenir des feuilles que j’ai découvertes ici et là me poursuit toujours. Cependant, je n’en reste pas là puisque le dessin représente bien davantage, aujourd’hui ce me semble, que quelques traits du papier.

Le dessin peut envahir les murs, il peut pénétrer et tout l’espace à sa disposition, il peut le partitionner, le contraindre et l’amplifier, il peut même occuper l’espace d’un écran de cinéma – nous y reviendrons.

Quelle que soit sa forme, le dessin ne triche pas, pour cette raison et pour bien d’autres encore je l’affectionne.

Son artifice est bien souvent de n’en avoir aucun ; il est le chemin le plus court de l’esprit au résultat, le véhicule le plus prompt à l’affirmation d’une sensation, à la réalisation d’une vision ou d’une image.

Je me souviens de ce que m’a raconté un homme à qui Le Corbusier avait montré un dessin minuscule, un premier jet, il contenait à lui seul, au dire de l’auteur, la Chapelle de Ronchamp.

Je m’avancerais presque à dire que le dessin est en contact direct avec l’âme et je crois deviner là une des raisons pour lesquelles les dessins de Grands Maîtres ont aujourd’hui un tel succès.

Le dessin témoigne de l’audace de son auteur, de sa capacité à réduire le monde à un geste ou à quelques traits, il concentre la pensée en lui donnant une forme qui semble s’accomplir définitivement sous nos yeux.

Il possède l’incroyable évidence de la fulgurance et de l’action, aussi ténue soit-elle, je m’avancerais à dire que le dessin cristallise la fulgurance de l’action, qu’il la précipite.

Le dessin est libre et à « fleur de peau » dans les portraits esquissés sur le motif de Damien Cabanes, il est méticuleux et fragile dans les encres ondoyantes de Didier Mencoboni, il est adventice chez Clément Bagot où la feuille ne semble jamais tout à fait assez grande pour contenir le projet original.

Je le vois all over et captif à la fois lorsqu’en suivant sur une plaque de verre les évolutions d’un danseur, Lætitia Legros transcrit les mouvements gracieux du sujet dans l’espace.

Il est inquiétant lorsque Penny Yassour suspend ses formes de latex et les sépare tout en les laissant ouverts sur les volumes de la galerie. Il est commencement et aboutissement dans la vidéo Kohol de Yazid Oulab.

Inquiétant dans les dessins de crayons de Marine Joatton, contrôlé et maîtrisé dans les oeuvres de Paul Pagk et de Thierry Costesèque, entre sculpture et lueur dans les splendides light stripes (bandes lumineuses) de Siobhan Liddell.

On l’aura deviné, les pratiques du dessin intègrent toutes sortes de stratégies et offrent un résultat pouvant aller du plus rudimentaire à un résumé des plus sophistiqués. Le sujet est vaste et nous essayons de l’aborder simplement au sein de notre exposition. » Eric Dupont.

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