LIVRES | ALBUM

604 800 s

Abraham Poincheval s’est enterré vivant, avec livres et nourriture lyophilisée, pendant 604800 secondes, soit 7 jours, dans un trou recouvert d’une roche à la librairie Histoire de l’œil, à Marseille. Ce livre d’artiste est le récit en images de cette expérience spéléologique et littéraire d’un voyageur de l’immobile.

Information

Abraham Poincheval, Nathalie Quintane
604 800 s

La collection «Sec au toucher», une collection «laboratoire», des éditions P -4 à 6 publications par an, 10€, 20 x 27 cm, 48 pages maximum, noir et blanc et couverture souple brochée- permet de découvrir des artistes contemporains, leurs univers et leurs expériences.

Ainsi chaque ouvrage est une expérience de création éditoriale et 604 800 ne déroge pas à la règle en narrant le récit en images de la descente spéléologique d’un héros livrophage mais prudent et bien équipé (papier toilette, réchaud, duvet…), dans le trou d’une librairie.

Gaston Lagaffe se terrait dans des cryptes de courrier en retard de sa fabrication dans lesquelles il pouvait se livrer à la science des rêves. Abraham Poincheval, ermite volontaire, spéléologue de l’immobile et livrophage assumé, expérimente le réel au cours de cette expérience mentalement et physiquement rude dans le sous-sol de cette librairie-galerie.

604 800. Ce chiffre orne un rocher d’une tonne. Ce rocher repose sur le sol de la librairie Histoire de l’œil, à Marseille. Sous le rocher, un trou. Un trou de 1 m 70 de hauteur sur 60 cm de diamètre. À l’intérieur du trou: Abraham Poincheval.

Si le geste artistique est solitaire, du fond de son ermitage Abraham Poincheval est filmé, les images retransmises sur les murs de la galeries en direct, et le visiteur peut communiquer avec lui en s’adressant au rocher posé sur le trou.

Il passera sept jours, soit 604 800 secondes, dans ces conditions. L’action est simple, évidente. S’enfouir dans le sol, sous la ville, avec un paquetage scrupuleusement préparé, ce n’est pas œuvre de lunatique, mais d’explorateur, et de cryptologue.

Poincheval a emmené cinq livres et il lit, dans son tombeau temporaire. Est-il un nouvel Axel Lidenbrock (le héros de Jules Verne part sous terre pour répondre à l’incitation d’un livre)? Eh non! Poincheval est (cette fois) un voyageur immobile.

Son action est œuvre mais tout autant expérience, autant physique que mentale: dans ce caveau l’homme vit ses limites spatiales et temporelles d’une façon inédite, a un nouveau rapport à sa mémoire et au livre; il est enterré vivant.

Le livre qui témoigne de cette expérience manifeste les implications de ce geste artistique. Les matériaux, la roche, les excavations, tout ce lexique évoque l’archéologue. Poincheval pointe dans cette direction, dans les illustrations qu’il agglomère autour de l’évènement. Tous ces éléments entrent en relations, pour nous faire saisir son acte autrement. Ainsi, un crâne humain porte en son centre un trou circulaire, écho de son antre.

Nathalie Quintane témoigne, dans son court texte présent dans l’ouvrage consacré au projet. Elle entame un dialogue muet avec l’artiste, sensible à son expérience de lecture.

Abraham Poincheval est né en 1971, il vit et travaille à Marseille.

Cet ouvrage est coproduit avec la Galerie ho, Marseille.