ART | EXPO

50 ans de collages

02 Oct - 16 Jan 2011
Vernissage le 01 Oct 2010
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"Erró, 50 ans de collages" apporte un éclairage inédit sur l’oeuvre découpé et collé d' Erró, figure incontournable de la Figuration Narrative, et révèle la part secrète de son travail, trop souvent réduit à sa seule production picturale.

Erró
50 ans de collages

Le musée des Beaux-Arts de Dole présente l’exposition « Erró, 50 ans de collages » et revient sur le travail original de création de cet artiste d’origine islandaise, figure incontournable de la Figuration Narrative depuis 1964.

Le musée, dont la collection d’art contemporain est essentiellement centrée sur ce courant, l’a valorisé à travers de nombreuses expositions monographiques ou collectives (Rétrospectives Monory, Peter Saul, Bernard Rancillac, Gérard Fromanger notamment, « La Figuration Narrative dans les collections publiques », etc.).

Dès 1985, une exposition monographique au musée des Beaux-Arts de Dole avait été consacrée à la série des musiciens produite par Erró. Cette nouvelle exposition apporte un éclairage inédit sur l’oeuvre découpé et collé de l’artiste et révèle la part secrète de son travail, trop souvent réduit à sa seule production picturale.

Le musée conservant plusieurs tableaux de l’artiste, l’exposition se voit ainsi complétée d’un ensemble de peintures, telles que Brejnev de Russie (1989) qui ouvre le parcours.

L’exposition du centre Pompidou, où une centaine de collages était présentée, est complétée à Dole par une vingtaine de peintures permettant de comprendre ces collages non seulement comme des oeuvres autonomes mais aussi comme un véritable travail préparatoire aux peintures, soulignant ainsi le processus créatif propre à l’artiste.

Né Islandais en 1932, Erró (de son vrai nom Gudmundur Gudmundsson), s’installe définitivement à Paris en 1958 après une formation à l’École des Beaux-Arts de Reykjavík, puis à Oslo, et un long séjour en Italie.

Mis en contact avec le mouvement surréaliste il entreprend dès cette période ses premiers collages à partir de revues scientifiques, de brochures techniques ou d’illustrations de magazines. Cette production, qui réactive avec éclat les collages dadaïstes des années 1920, fait l’objet sous le titre Mécamorphoses de sa première exposition personnelle à Paris en 1960.

Dès cette époque, Erró décide de transposer ces collages en peinture, selon un processus qui s’impose bientôt définitivement dans sa production. Désormais, aucune de ses peintures ne se conçoit sans ces esquisses d’un nouveau genre.

À partir des années 1970, leur style évolue sensiblement quand apparaissent dans l’oeuvre découpé d’Erró d’autres sources visuelles comme la bande dessinée américaine ou des images de propagande révolutionnaire.

Éminemment politiques, ce qui ne surprend pas de la part d’une figure majeure de la Figuration Narrative, les collages d’Erró moquent la culture marchande de masse, dénoncent les désastres de la guerre (Vietnam, guerre froide, Irak) ou tournent en dérision les pouvoirs totalitaires, mais s’attachent aussi dans des séries non moins imaginatives à scruter le monde de l’art.

L’exposition traverse et propose l’exploration de cinq grand thèmes chers à Erró: Mécacollages, Politique, Conquêtes, Art et Comics.

Mécacollages
De 1959 à 1963, Erró se procure au kilo d’anciens numéros de la revue L’Usine nouvelle, où il découpe des «photos d’objets mécaniques» agencées avec des éléments d’anatomie humaine pour ces «mécamorphoses». Celles-ci donnent lieu notamment à l’abondante série des Méca-Make-Up, visages de mannequins découpés dans la presse féminine où diverses machines et pièces usinées remplacent chevelure et maquillage.

Dans ces compositions hybrides qui rappellent certains collages surréalistes, le thème oculaire revient avec insistance, parfois remplacé par un objectif d’appareil photographique.

Politique
Au début des années 1970, Erró découvre un stock d’images de propagande en provenance de la Chine populaire, du Vietnam communiste, de Cuba ou des bases américaines de Thaïlande. Ces images très orientées alimentent durablement les collages d’Erró qui souvent font allusion à la politique internationale et à ses soubresauts.

Au début, l’artiste détourne subtilement les figures des révolutionnaires qui, dans ses oeuvres, désignent d’un doigt vengeur des intérieurs bourgeois, ou accompagnent Mao dans des voyages imaginaires à travers les métropoles occidentales.

Art
C’est à New York, en 1963, qu’Erró introduit pour la première fois des reproductions d’oeuvres d’art célèbres dans sons oeuvre découpé et collé. Entérinant ainsi leur perte d’aura «à l’ère de leur reproductibilité technique» (Walter Benjamin), il les considère comme n’importe quelle image de consommation et n’hésite pas à les combiner à des images issues de la culture populaire.

Conquêtes
Beaucoup de collages d’Erró traitent de l’omniprésence de la guerre et de la violence dans l’histoire. Récurrente, la figure du bébé menacé apparaît comme la victime par excellence de ces conflits.

La mise en scène de conquêtes, qu’elles soient spatiales ou territoriales, grâce à la figuration d’engins volants de toutes sortes, est une constante de son oeuvre. La série spatiale, préparée par une visite d’Erró au siège de la NASA à Houston en 1976, démonte la propagande américaine par l’intrusion incongrue d’odalisques ingresques.

Comics
Fin 1963-début 1964, lors de son premier séjour à New York, au cours duquel il assiste aux développements du Pop art, Erró commence à intégrer dans ses collages ces personnages de bandes dessinées dont la culture populaire américaine est grande consommatrice.

Erró collecte d’abord des animaux puis des super-héros qui vont devenir des éléments de son vocabulaire artistique. Les personnages de comics interviennent d’abord dans des compositions faisant appel à d’autres sources, images de presse ou tableaux de maîtres.

Au fil du temps, ils deviennent les motifs exclusifs de collages souvent de grands formats où ils prolifèrent, comme dans Science-Fiction Scape, esquisse non retenue pour un décor de la Cité des Sciences et de l’Industrie. Aujourd’hui, Erró utilise beaucoup la bande dessinée espagnole ou les mangas japonais.

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