ART | EXPO

400 Sonnets in reverse, together

18 Juin - 28 Août 2011
Vernissage le 17 Juin 2011

Les matériaux qu’utilise Seb Patane sont des images de presse ou des pièces ressemblant à des accessoires de bricolage. Accompagnés d'extraits musicaux, ils apparaissent dans une myriade d’oeuvres éphémères, offrant une sorte de vision formalisée du studio de l’artiste.

Seb Patane
400 sonnets, in reverse, together

Le titre de cette exposition est un extrait de la chanson The Be Colony (2009) du groupe britannique Broadcast, que l’on peut entendre à l’entrée de l’exposition. L’album d’où la chanson est tirée, Broadcast and The Focus Group Investigate Witch Cults Of The Radio Age, est un hommage à la chanteuse Trish Keenan, décédée à la suite de complications d’une pneumonie au début 2011. Dans son article sur l’oeuvre de Patane, Rob Young écrit: « Profondément enfouie dans la bande sonore, on entend la voix de Patane, bien que déformée électroniquement et donc à peine reconnaissable, chantant le vers en question de manière répétitive. Le morceau est une complainte pour Keenan, mais fait également écho à sa croyance, exprimée dans plusieurs interviews avant sa mort, en la notion de psychédélisme vue comme processus d’autodétermination et de transformation».

En plus de cette pièce sonore présentée en ouverture, l’exposition permet de voir une nouvelle oeuvre filmique, The Year of the Corn (2011) ainsi qu’une installation présentant, sous forme de narrations multiples, un riche collage de divers aspects de la pensée contemporaine. Les matériaux de base qu’utilise Seb Patane sont des images de journaux ou de magazines, des pièces de contreplaqué ou des baguettes ressemblant à des accessoires de bricolage et que l’artiste a façonnés en formes et structures rudimentaires, et du son fabriqué électroniquement auquel sont souvent adjoints des extraits musicaux. Dans chaque exposition, ces matériaux apparaissent dans une myriade d’oeuvres éphémères, offrant une sorte de vision formalisée du studio de l’artiste au travail. Des piquets en bois sont disséminés sur le sol; des morceaux de carton découpés semblent étayer le mur de la galerie; un collage est disposé sur une structure simple évoquant un chevalet, et des haut-parleurs peuvent être placés sur des supports fonctionnels comme à un concert de rock.

Ces dessins possèdent par ailleurs une qualité théâtrale «d’inachèvement», les denses griffonnages à l’encre et les assemblages aux imbrications multiples venant souvent masquer partiellement une image photographique. L’oeuvre de Patane navigue entre figuration et abstraction, entre suggestion d’un récit et déconstruction de celui-ci par la forme fragmentée, mais une tendance semble se dégager dans son travail des dix dernières années, celle d’un retour obsessionnel (en deux ou trois dimensions) à certaines images archétypales, comme les soldats dans Les Mécènes (The Patrons), série de quatre grandes images sur écran produites spécialement pour l’exposition. Patane se livre à un jeu subtil de références, de symboles et de signes touchant des cordes sensibles qui varieront d’un spectateur à l’autre selon sa propre histoire.

La notion de présence/absence se déploie dans des rythmes et des motifs entre ordre et chaos, bruit et silence, image et effacement, aboutissant à un acte poétique au sens d’Alejandro Jodorowsky.

La ligne est un motif récurrent dans l’oeuvre de Patane. On la trouve dans les bâtons, qui pénètrent d’un mouvement dynamique les installations vidéo et les sculptures; dans les collages où elle structure la disposition des tissus ou masque les visages; elle est présente aussi dans sa musique électronique. Mais c’est aussi la ligne du temps qui s’écoule, donc de l’histoire, présente à travers diverses évocations: guerres, émeutes du 19 novembre 1969 à Milan, vie à l’époque victorienne, écrits de Trevor Nevitt Dupuy ou un livre récent d’Adi Kuntsman sur la manière dont violence, sexualité et fait national se combinent pour faire des images de la masculinité des synecdoques de la nation. La ligne est image de la continuité, mais aussi image de violence, de vie ou de clé donnant à chacun accès à son propre psychisme.

Ses installations semblent ouvrir une scène qui analyse les comportements de groupe à la lumière de «l’effet d’aliénation» dont parle Brecht. En ce qui concerne les relations humaines, la ligne peut être mince entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Ce qui apparaît comme transgressif pour l’un (franchir la ligne), ne l’est pas pour un autre. Si la ligne est parfois claire, elle peut aussi être brouillée.

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