ÉCHOS
01 Jan 2002

31.12.07. Ettore Sottsass : le design en deuil

Figure incontournable du design, Ettore Sottsass a travaillé tout au long de sa vie pour l’élaboration d’une nouvelle conception de l’objet, proposant une alternative poétique et humaniste aux théories du rationalisme. Il s’est éteint le 31 décembre 2007.

Par Mathilde Le Coutour

L’année 2007 s’est mal terminée : on a appris la disparition d’Ettore Sottsass, designer et architecte italien, décédé le 31 décembre, chez lui, à Milan, à l’âge de 90 ans.

Au nom de Sottsass est associé une œuvre riche et multiple, jubilatoire et humaniste. On lui doit notamment la machine à écrire portable Valentine (1969), fruit d’une collaboration avec la firme Olivetti, véritable icône des années Pop.
Ayant toujours gardé une certaine indépendance vis-à-vis des mouvements auxquels il a participé, Sottsass a multiplié les expériences, du design industriel aux céramiques uniques, des objets du quotidien produits par Alessi au mobilier en petites séries du mouvement Memphis. Son œuvre témoigne à elle seule de la complexité et de la variété des approches possibles du design.

Né en 1917 à Innsbruck en Autriche, diplômé de l’Institut Polytechnique de Turin en 1939, il commence à travailler comme architecte en Italie. Lors d’un voyage aux États-Unis, il travaille dans l’agence du designer Georges Nelson à New-York, comme consultant chez Poltronova puis chez Olivetti en 1958.

Inspiré par l’art tantrique qu’il découvre lors d’un voyage en Inde, il est attiré par la symbolique des objets plus que par leur simple rationalité. Les céramiques qu’il produit dans les années 1960 témoignent ainsi d’une disparition progressive des valeurs fonctionnelles de l’objet au profit du signe pur.

Rejetant les stéréotypes, il propose à l’occasion de la grande exposition au Museum of Modern Art de New-York en 1972, intitulée Italy : The New Domestic Landscape, un système d’habitation flexible et modulable. La maison y est conçue comme un vide au centre duquel viennent se placer des pièces de mobilier indépendantes, détachées des murs, disposées librement par l’usager.

Personnalité charismatique, Sottsass participe dans les années 70 à différents mouvements tels « Alchimia », le « Nouveau Design », ou la « Global tools », contre-école de design fondée avec Ricardo Dalisi et Andrea Branzi. Plus qu’une contestation, ces expériences sont l’occasion d’offrir une alternative au mouvement moderne.

Chef de file du groupe Memphis dans les années 1980, Sottsass conçoit des meubles-totems, sortes de petits monuments placés sur des socles. Un esprit joyeusement contestataire caractérise ce mouvement qui met en valeur la production artisanale à travers de petites séries. Ce n’est plus ici la fonction qui détermine la forme de l’objet, mais la force expressive, émanant de la couleur, des matériaux, du toucher, des formes rudimentaires… Sottsass réaffirme par là même les valeurs sensorielles et émotionnelles de l’objet.

Différents projets architecturaux auront marqué ses dernières années d’activité, tandis que plusieurs expositions ont pu présenter récemment son travail. Je voudrais savoir pourquoi est le titre de la rétrospective organisée à Trieste à l’occasion de son quatre-vingt-dixième anniversaire. Inaugurée en décembre 2007, Sottsass avait déclaré à son propos : « Je voudrais que les visiteurs en sortent en pleurant, c’est-à-dire avec une émotion ».

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