ART | EXPO

30 ans. La Soupe américaine

19 Avr - 23 Août 2013
Vernissage le 18 Avr 2013

Pour les 30 ans du Frac, Jordi Colomer met en scène une partie de la collection, tourne un film et propose des soirées de performances. Il travaille sur les possibilités de survie poétique qu’offre les métropoles contemporaines et s’est intéressé ici aux cités d’urgence de type UK 100, construites après-guerre en Normandie et encore habitées.

Jordi Colomer
30 ans. La Soupe américaine. The American Soup

Jordi Colomer crée au Frac un environnement qui témoigne de l’Histoire, de l’histoire du Frac. Des éléments de fenêtres et de portes du baraquement UK 100 découvert par Jordi Colomer en premier lieu dans la cour de l’ancienne école des Beaux Arts de Caen, sont présentées contre un mur, sortes de reliques, et deviennent par leur transposition des sculptures qui témoignent d’un passé révolu. Le décor se poursuit tout au long de l’exposition par la présence de ces maisons préfabriquées dans le film réalisé pour l’occasion et exposé à l’étage.

Les œuvres de la collection du Frac, choisies par Jordi Colomer et vues dans le film, sont présentées: Martha Rosler, Photo-Op, from the new series «Bringing the War Home: House Beautiful»; Dan Graham, Bathroom Mirror, Model House, Staten Island, N.Y., 1974, Bathroom Mirror, Model House, Marin County, California, 1985; Raymond Hains, Sans titre; Benoît Grimbert, Sans titre 012, Caen; Renaud Auguste-Dormeuil, The Day Before_Star System_Caen_June 05,1944_23:59; François Curlet, Bunker pour 6 œufs; George Dupin, une photographie de la série «Big Jérusalem»; Didier Marcel, Sans titre (Prefab Church, d’après E.T.); Bill Owens, S-29 Tupperware; Sophie Ristelhueber, une photographie de la série «Fait».

Ces œuvres, en lien à l’architecture ou avec des conflits, témoin des traces d’obus laissées après un bombardement, relient film et exposition.

Le film
La Soupe américaine. The American Soup
Une partie du projet de Jordi Colomer est un film tourné en Normandie, à Pont-Audemer, dans une cité d’habitations d’urgence d’après-guerre de type UK 100, restées en place et encore habitées aujourd’hui. Le film mêle à des images d’archives, les images filmées par l’artiste. Le montage qui passe d’un univers à l’autre crée sa propre temporalité.

Dans ces cités temporaires, la vie quotidienne s’est développée autour de ces bâtiments précaires, éphémères et s’est inscrite dans la durée. Jordi Colomer imagine des scènes reprenant leur histoire et celle de leurs habitants. Les images d’archives, images inspiration, sont le point de départ de certains cadrages ou éclairages qui entraînent le spectateur dans un univers au bord de la fiction.

Dans un UK 100, une dizaine de personnes, réunies autour d’une table où s’entasse une multitude de boîtes en plastique coloré, participent à un atelier de dégustation orchestré par un chef cuisinier. Ces boîtes, à la fois récipients et devenues symboles de la standardisation américaine, sont à mettre en rapport avec le UK 100 ici décor et archétype des constructions préfabriquées. Une mousse blanche envahit de manière incompréhensible les récipients (signée d’une collaboration avec l’artiste Michel Blazy). La décoration du salon est composée d’œuvres de la collection du Frac Basse-Normandie accrochées en un lieu inhabituel. Elles font partie entière de la scène et participent des sujets de discussions environnants.

Une de ces œuvres, une photographie de l’artiste Bill Owens, montre une réunion Tupperware dans une maison de la «Suburbia» américaine des années 70. Bill Owens demandait aux personnes photographiées de rédiger les légendes de ses photos. «C’est un plaisir d’organiser des fêtes Tupperware chez moi. Ceci me permet de causer avec mes amies. Vraiment Tupperware c’est le rêve de la femme au foyer, j’épargne du temps et de l’argent parce qu’il permet de conserver les aliments.» Outre sa présence comme élément de décor, cette photographie inspire la séquence principale du film.

L’œuvre de Jordi Colomer se nourrit aussi de l’histoire du lieu filmé et du contexte social dans lequel il intervient. C’est pourquoi l’artiste n’a choisi ses acteurs que parmi des personnes habitant ou ayant vécu dans des UK 100. Ces personnes connaissent ces lieux, les anecdotes qui s’y rapportent, le mode de vie qu’ils engendrent. Les dialogues ne sont pas écrits. Ils sont l’œuvre des acteurs, laissés libres de jeu. Le tournage, les œuvres environnantes, les histoires de vie dans ces maisons préfabriquées, la vie quotidienne, la nourriture, autant de sujets abordés, évoqués, présents dans les discussions des protagonistes.

Le film est projeté à l’étage sur un mur recouvert par un écran évolutif, œuvre de Michel Blazy. Composé de neige artificielle irisée, cet élément réflecteur en train de se déliter petit à petit modifie la projection elle-même qui semble mouvante et vivante.

Les soirées Pré-fab. Prefab
Les soirées Pré-fab. Prefab sont conçues comme une suite logique de l’exposition «La Soupe américaine. The American Soup» et dans la perspective du film du même nom. À raison de 7 à 8 soirées et d’une journée de clôture, cette programmation culturelle verra se succéder performeurs, conférenciers, poètes ou musiciens, dont les pratiques «hors cadre» nécessitent une réception de l’instant. Au rez-de-chaussée, dans une salle ouverte sur l’extérieur, des chaises, tables, fauteuils et canapés, mais aussi des éléments démontés d’une maison américaine UK 100 découverte à Caen, forment le décor de ces soirées «rigoureusement improvisées».

Jordi Colomer
est né à Barcelone (Espagne) en 1962. Actuellement, il réside et travaille entre Barcelone et Paris. Son œuvre, marquée d’un fort sens sculptural, englobe de multiples disciplines et tout particulièrement la photographie et la vidéo ainsi que leur mise en scène dans l’espace d’exposition. La variété de moyens que convoque l’œuvre de Jordi Colomer et la transversalité de son point de vue sont sans doute liées à sa formation plurielle d’architecte, artiste et historien de l’art, dans une Barcelone des années 80 en pleine effervescence postfranquiste. Dans ces œuvres-voyages la thématique du déplacement revient en leitmotiv et l’action isolée d’un personnage condense la réflexion (teintée d’humour absurde) sur les possibilités de survie poétique qu’offre la métropole contemporaine.

Le fonds régional d’art contemporain Basse-Normandie présente «Les 30 ans des Frac»
– Un projet dans chaque région où chaque Frac donne carte blanche à un artiste de son choix afin de présenter la collection. L’artiste, qui choisit des Å“uvres dans la collection du Frac, invente un dispositif original scénographique ou performatif, matériel ou immatériel.
– Une exposition nationale, la première du genre à associer tous les Frac en un seul site, se tiendra aux Abattoirs – Frac Midi-Pyrénées à Toulouse où seront rassemblées les 23 propositions des artistes-commissaires.

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