ÉCHOS
01 Jan 2002

2004.01.14. L’Internet en France : présumé coupable

Parallèlement à la pétition de l’Iris (Imaginons un réseau Internet solidaire) qui dénonce une «atteinte à la liberté d’expression, d’information et de communication, à la présomption d’innocence et au droit à un procès équitable», voici la pétition de l’AFA (Association des fournisseurs d’accès et de services Internet).

[Pétition de l’AFA (Association des fournisseurs d’accès et de services Internet]
Loi pour l’économie numérique : 10 millions de présumés coupables.
L’ensemble des membres de l’AFA s’indignent d’un vote mettant en danger le développement de l’Internet en France.

A travers la loi pour la confiance dans l’économie numérique visant à préciser le cadre réglementaire de l’Internet en France, l’Assemblée nationale vient d’adopter en 2e lecture les dispositions suivantes :
— Filtrage de l’accès Internet par les fournisseurs d’accès.
— Surveillance générale a priori des contenus web (chats, forums, pages perso…).
— Les courriers électroniques ne sont plus considérés comme de la correspondance privée.

L’AFA et ses membres, fournisseurs d’accès ou d’hébergement, qui travaillent étroitement depuis plusieurs années avec l’ensemble des institutions et autorités judiciaires, dénoncent ces dispositions. Celles-ci constituent en effet une menace pour la liberté d’expression des internautes en France et un véritable danger économique pour tout le secteur Internet qui représente aujourd’hui un chiffre d’affaires cumulé de près de 2 milliards d’euros et plus de 10 000 emplois.

L’Internet en France : présumé coupable
Les députés, en dépit des appels multiples effectués dans leur direction, tant par les fournisseurs d’accès que par des institutions telles l’ART ou le Forum des Droits sur l’Internet, ont confirmé leur choix de vouloir instituer le filtrage de l’Internet dans notre pays. Cédant en cela aux sirènes des majors du disque souhaitant éradiquer le fléau du piratage de la musique sur Internet, le Gouvernement et l’Assemblée nationale ont donc fait le choix d’une mesure inefficace qui restait jusqu’ici le triste privilège d’Etats fort peu démocratiques,comme la Birmanie, la Chine ou l’Iran.

Le texte n’est guère plus équitable à l’égard des fournisseurs d’hébergement puisqu’il leur impose une surveillance de l’ensemble de leurs contenus. Même si le texte semble n’imposer une surveillance que sur les contenus pédo-pornographiques ou incitant à la haine raciale, c’est en réalité l’ensemble des contenus qu’ils stockent (pages personnelles, forums, albums photo et même chats) que les hébergeurs devront examiner et valider avant leur mise en ligne. Or, cette surveillance est aujourd’hui techniquement impossible et transforme l’hébergeur en censeur et en juge privé. En outre, cela aura nécessairement des conséquences pour tous les contenus hébergés (dont on ne rappellera jamais assez que la plupart d’entre eux sont parfaitement licites) avec le risque que des coupures interviennent à seule fin de préserver la responsabilité de l’hébergeur. A terme, ces dispositions entraîneraient la suppression des services communautaires, de communications et d’informations qui sont le cœur de l’Internet.

Enfin, sous couvert de lutter contre la piraterie, l’Assemblée nationale a porté atteinte au caractère sacré du courrier électronique. Quelle confiance les français pourront-ils avoir dans ce moyen de communication si celui-ci n’est plus privé ?

Par ces mesures, le Gouvernement et l’Assemblée nationale, en violation flagrante des règles prévues par la directive sur le commerce électronique, ont décidé de contraindre les intermédiaires techniques à mettre en œuvre des mesures techniquement impraticables et inefficaces. Celles-ci constitueront une importante source de coûts qui, sans répondre à leur objectif ne manquera pas, au final, de se répercuter sur le prix de l’accès Internet pour le consommateur ainsi que sur l’existence même de certains acteurs de l’Internet.

L’AFA regrette donc profondément que le Gouvernement et l’Assemblée nationale aient fait le choix d’un texte « sur la confiance dans l’économie numérique » qui traduise sa défiance à l’égard des principaux acteurs de ce secteur, s’opposant aux principes de l’Internet pour tous alors même que la France commence à rattraper son retard.

Le site de l’AFA

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