ÉCHOS
01 Jan 2002

2003.05.07. Claude Lévêque: l’art à l’école

L’artiste plasticien Claude Lévêque adresse au gouvernement, notamment au Président de la République et au ministre de la Culture, une lettre ouverte pour défendre l’art à l’école.

«Lettre ouverte à:

Monsieur Jacques Chirac, Président de la République Française
Monsieur Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la culture
Monsieur Luc Ferry, Ministre de l’éducation
Monsieur Martin Béthenod, délégué aux arts plastiques
Madame Marie-Pierre Musyt, chargée de mission pour l’Education Artistique et Culturelle à la DRAC Aquitaine
Monsieur Jean-Marie Planes, délégué académique à l’Action Culturelle du Rectorat de Bordeaux

Les enseignants du Collège Aliénor d’Aquitaine à Bordeaux m’ont invité à présenter mon travail de plasticien à leurs élèves le lundi 10 juin 2003 à l’occasion de l’exposition par le FRAC-Collection Aquitaine d’une de mes œuvres dans leur établissement.
D’ordinaire j’interviens plutôt dans le supérieur. La vive participation de tous ces jeunes à ma présentation m’a considérablement réactivé.
L’acuité de perception de ces enfants sur l’art contemporain démontre combien ces langages sont inscrits dans leur époque, qu’ils leur appartiennent et qu’ils se les approprient aisément et avec esprit critique, du moment qu’on leur en permet l’accès…
Cet accès à la connaissance est ici formidablement conduit par une équipe d’enseignants dynamiques et informés.
À cette rencontre, ni la chargée de mission pour l’Education Artistique et Culturelle à la DRAC Aquitaine, ni le délégué académique à l’Action Culturelle du Rectorat de Bordeaux, pourtant invités, ne se sont déplacés.
Je me suis retrouvé bien seul pour constater que cette initiative inédite, de projet d’établissement autour des arts plastiques, pouvait être le rêve d’une école avec moins d’ennui, d’illettrisme, de violence quotidienne…

Alors aujourd’hui je m’interroge et cela en ma qualité d’artiste plasticien signataire pour l’art à l’école en 2001:
Pourquoi l’Education Artistique si souvent proclamée comme une priorité par les ministres successifs de la Culture et de l’Éducation à tant de mal à se mettre en place?
Pourquoi il apparaît si impossible de soutenir des initiatives déjà existantes et structurées à défaut de les développer ailleurs ?
Pourquoi ces expériences reconnues comme essentielles s’exercent avec un tel mépris et une si terrible indifférence?
Ne préfère-t-on pas manipuler l’opinion en présentant un corps enseignant démissionnaire et des hordes d’enfants casseurs?
Y a-t-il autant d’intérêt que ça à faire partager la recherche artistique dans ce monde cruel de compétition individuelle et de consommation aveuglée par les codes et modèles de la société du spectacle médiatique?
Ne cherche-t-on pas en écartant toute vigilance et esprit critique à mieux prévoir sur le long terme la servilité à la toute puissante économie mondiale?
Combien de lieux d’art contemporain, en difficulté financière, désavoués par les pouvoirs locaux se sont engagés, dans une totale indifférence, à l’éveil des populations avec un accueil des publics de haute qualité. Pour preuve encourageante, la fréquentation du public en augmentation. Comment Emmetrop cette friche culturelle de Bourges, fer de lance de la diffusion des cultures innovantes peut s’entendre dire qu’elle présente de l’art pas normal?
…

Je trouve tout à fait dégradant et très frustrant de n’être qu’une caution à des engagements fantoches et cela en ma qualité d’artiste plasticien signataire pour l’art à l’école en 2001.

Claude Lévêque, avril 2003»

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