ÉCHOS
01 Jan 2002

17.11.06. Quand un Mao Tsé Toung de Warhol enfièvre la Rockefeller Plaza

En une semaine, une série de records sans précédents est venue animer la semaine de ventes impressionnistes et d’art moderne à New York.

Par Elodie Palasse-Leroux

La soirée du 15 novembre a été consacrée à la vente «Post-War and Contemporary Art» chez Christie’s. Clou de la vente, une œuvre-phare de la carrière d’Andy Warhol, un portrait de Mao, estimé entre 8 et 12 millions de dollars. Réalisée au début des années 1970, tandis que les États-Unis renouaient doucement les relations avec la Chine, elle revêt une importance symbolique car elle marque le retour du maître du Pop Art à la peinture, après des années de fascination pour le cinéma et les œuvres expérimentales filmées.

Les critiques se sont attardés sur l’œuvre, soulignant la «patte» du Warhol de l’époque: hardis coups de brosses larges, marqués, tout à fait visibles, et coloris forts (bleu, jaune et rose) du portrait. Warhol fit sensation lorsqu’il dévoila son travail, arguant sans rougir que, puisque «la Chine était à la mode, il devrait se faire beaucoup d’argent avec [ce portrait]» ! Provocation facile pour certains, génie visionnaire selon d’autres: Warhol avait, haut et fort, prophétisé la déification de Mao en Chine.

L’œuvre provient de la collection Daros à Zurich, également propriétaire d’autres Warhol tels 210 Coke Bottles (1962), Blue Liz as Cleopatra (un portrait d’Elisabeth Taylor dans les tons bleus, daté de 1963), et Atomic Bomb (1964). Hans-Michael Herzog, conservateur de la collection Daros, avait confié le portrait de Mao à Christie’s dans le but de dégager des fonds supplémentaires destinés à l’achat de nouvelles œuvres, notamment de Warhol, pour enrichir la collection en œuvres «de jeunesse» du maître.

Ses vœux auront été exaucés: le marteau s’est abattu après une rapide envolée des enchères, et le tableau a trouvé acquéreur pour 17,3 millions de dollars, bien au-delà des estimations (une reconnaissance pour Warhol, qui, au cours de la même vente, a suscité bien des convoitises avec un autre portrait, Orange Marylin, atteignant la somme de 16,2 millions de dollars).

L’heureux acquéreur du portrait du «Grand Timonier» a dévoilé son identité: il s’agit du milliardaire Joseph Lau, âgé de 54 ans. Ironiquement, cet homme d’affaires, basé à Hong-Kong, a fait fortune dans l’immobilier, particulièrement en Chine (il détient environ 61% des parts de la Chinese Estates Holdings).

Ce modeste achat ne devrait qu’à peine entamer la fortune de Lau, estimée par le magazine Forbes à 1,7 milliards de dollars (le plaçant au 451e rang des fortunes mondiales).

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