ÉCHOS
01 Jan 2002

16.03.05. Des auditeurs contraignent Radio-Canada à devoir s’expliquer

En septembre 2004, «La Chaîne Culturelle», pendant canadien de France Culture et France musique, subit des transformations : la musique branchée et moderne prend le dessus sur les émissions culturelles, qui disparaissent. Une pétition est lancée par un des auditeurs pour s’opposer à ces changements de programmes et reçoit 26 000 signatures.

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Un mouvement citoyen dénonce la suppression de la Chaîne (publique) Culturelle.

Certes, l’affaire se déroule outre-Atlantique. Pourtant, elle touche de près ce qui s’est passé dans les pays européens de langue française. En cela, elle est exemplaire d’un mouvement qui touche de plus en plus les radios publiques francophones.

L’histoire se déroule donc au Québec. La Société Radio-Canada (SRC) y fait figure d’institution. Ils sont plusieurs milliers à se brancher, quotidiennement, sur la Première Chaîne et la Chaîne culturelle (les équivalents de France Inter, d’une part, et un mixte de France Musiques et France Culture, d’autre part).

Voilà environ un an, la SRC annonce une «transformation » de sa Chaîne culturelle. Le 7 septembre 2004, c’est la douche froide pour les fidèles auditeurs de la chaîne. La SRC lance Espace Musique, une chaîne «musicale, branchée, moderne, ouverte». Et la culture? Elle disparaît, pour être partiellement rapatriée sur la Première Chaîne.

La décision suscite l’ire de Jean Portugais, un Montréalais passionné de radio et de musique. Sans trop vraiment y croire, il rédige le manifeste du «Mouvement pour une radio culturelle au Canada» (MRCC) dans lequel il conteste la disparition de la Chaîne culturelle (environ 169000 auditeurs dans la région de Montréal).

«Aujourd’hui, nous a raconté le porte-parole du MRCC, les choses ont pris une ampleur que je n’imaginais pas. Le manifeste a enregistré 26000 signatures». On ne compte plus les prises de position, principalement dans les milieux culturels et universitaires.

Encouragé par ce soutien, Jean Portugais décide, le 31 janvier dernier, d’introduire une plainte contre la Société Radio-Canada auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC, organe fédéral qui attribue les licences pour les radiodiffuseurs). «Pour nous, il y a eu une rupture de contrat de la part de la SRC», argue M.Portugais, ce que conteste vigoureusement la SRC.

Le 3 mars, le CRTC donnait toutefois gain de cause au plaignant et sommait la SRC de répondre dans les trois semaines au mémoire soumis par Jean Portugais. Concrètement, la plainte devrait aboutir à la tenue d’audiences publiques visant à trancher le différend et, plus globalement, à débattre de l’avenir de la culture à la radio publique francophone.

On ne peut s’empêcher de rapprocher le cas québécois des contestations qu’avaient engendré, au sein d’associations d’auditeurs, les repositionnements récents de Musique 3 (RTBF) et France Culture. Mais, dans ces deux cas, la contestation ne parvint pas à modifier les choix des opérateurs publics. Ce qui pourrait bien être le cas sur les bords du Saint-Laurent…

Article écrit par Pierre-François Lovens et paru dans La Libre Belgique du 15 mars 2005
Le site internet de Radio Culture : www.radioculture.tk