Par Raphaël Brunel
Spencer Platt a récemment remporté le prestigieux World Press Award 2006 grâce à une photographie représentant de jeunes libanais circulant en voiture dans un Sud Beyrouth ravagé par les bombardements israëliens. Cette image forte et contrastée ne suscite cependant pas l’unanimité de la profession.
Le photographe libanais Samer Mohdad est particulièrement critique envers le choix du jury, à qui il reproche d’avoir fait preuve «d’ironie et de mauvais goût» et de «compromettre le niveau de cette compétition internationale». Il s’attaque également au lauréat dont il qualifie l’image «d’insulte vis-à -vis de tous les photojournalistes qui risquent leurs vies dans cette horrible guerre». Pour Samer Mohdad représenter ainsi la guere au Liban témoigne du manque d’éthique de Spencer Platt. Le photographe libanais s’inquiéte également de la réaction des jeunes photographiés lorsque leurs visages seront reproduits dans tous les magazines du monde et qu’ils deviendront le symbole de cette guerre.
Pour contre balancer les propos virulents de Samer Mohdad, Armelle Canitrot, la responsable photo de la Croix, se félicite que cette année le jury est su échapper aux recettes du World Press Photo basées, selon elle, sur «une certaine composition à un certain moment pour en avoir plein la figure». Spencer Platt, quant à lui, réfute le titre de photographe de guerre qu’il trouve trop archaï;que et «romantique». Il déclare avoir cherché à dépeindre la société libanaise, son dysfonctionnement social pour mieux dépeindre ce qu’est une victime de guerre.
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