ÉCHOS
01 Jan 2002

12.10.04. La culture française : une nouvelle arme géopolitique

Le Centre Georges Pompidou a annoncé le 11 octobre à Hong Kong qu’il avait déposé une offre pour la gestion d’un musée d’art moderne dans l’ancienne colonie britannique. Un musée devrait ouvrir ses portes en 2012, au cœur d’un immense projet de centre culturel de 40 hectares à Kowloon, face à l’île.

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La visite en Chine du Président Jacques Chirac ne cesse d’être ponctuée d’annonces de ce genre. Parallèlement, journalistes, géopoliticiens, économistes et financiers ne semblent pas saisir les enjeux cachés de ce soudain intérêt pour le continent asiatique. Et pourtant.

Sur le plan culturel, cet intérêt s’est traduit par le salut de la création artistique chinoise et l’intérêt singulier de la France qui a même mobilisé son ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, en visite également. Lors de cette annonce, Bruno Racine, président du Centre Pompidou, avait expliqué qu’« il a toujours été dans l’intention du Centre Pompidou de créer un dialogue entre les cultures, et avec un musée d’art moderne à Hong Kong, [d’]établir un échange entre l’Orient et l’Occident ». Selon lui, le Centre fournirait un rôle significatif, par l’intermédiaire de sa collection et de son savoir-faire, avec l’intention « de créer un centre d’importance pour toute l’Asie ». Doutant sans doute de la clarté de ses propos, il a souligné que le Centre n’avait aucun projet « d’expansion mondiale » mais qu’une présence en Chine semblait nécessaire. Nécessaire à qui ? Nécessaire pour quoi ?

La réponse, aussi évidente que grossière, est pourtant réelle : lutter contre l’hégémonie américaine. Dès le premier jour de sa visite, Jacques Chirac avait opposé la sous-culture américaine à l’exception culturelle française ; il n’a pas cessé de défendre l’importance de la diversité culturelle. A quelques semaines des élections présidentielles américaines, il semble nécessaire au gouvernement français d’affirmer ses convictions et d’assoire sa position. Son arme ? Sa culture bien sûr, exceptionnelle qui plus est. Entre « vieux continents », on ne peut forcément que s’entendre. La Chine, qui a toujours adopté la neutralité sur les récentes divergences qui opposent la France et les Etats-Unis, s’est retrouvée prise à partie en décidant de célébrer durant un an la France. Notre richesse culturelle avait tout à coup la même valeur financière que des contrats entre holdings, la même valeur symbolique que les sympathies entre pays, le même impact que les obus guerriers.

Personne ne souhaite y croire, tant cela paraît évident, pourtant ce nouveau projet du centre Pompidou en est la preuve la plus exécrable.

« C’est une occasion très intéressante pour nous de jouer un rôle en Chine en cette période de changement » Ces propos n’ont pas été exprimés par Jacques Chirac mais par Bruno Racine, lors de son annonce. Avec la culture française, c’est tout comme.

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