ÉCHOS
01 Jan 2002

07.12.06. Les directeurs de Frac tirent le signal d’alarme !

A l’approche de l’élection présidentielle, l’Association nationale des directeurs de Frac demande un débat national sur l’art contemporain en région, parce que le projet de décentralisation de l’art en France est réellement en danger.

Par l’Association nationale des directeurs de Frac

L’art contemporain en région aura-t-il encore sa place Mesdames, Messieurs les candidats ?
À la veille d’importantes échéances électorales, la culture — et plus précisément la promotion et la diffusion de l’art contemporain en région — est absente de tout débat. Nous assistons ainsi, muets, à un bradage, sinon parfois à un abandon, des fragiles structures associatives que sont les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) au profit de projets monumentaux et institutionnels dont la pertinence et la nécessité restent à démontrer.
Comment analyser autrement le déblocage de 50 millions d’euros par le Ministre de la culture et de la communication, Monsieur Renaud Donnedieu de Vabres, pour un nouveau centre d’art à Boulogne-Billancourt en lieu et place de l’ex«fondation Pinault» ? Comment analyser tout court la concentration de nouveaux projets en faveur de l’art contemporain à Paris et la remise en cause permanente des FRAC en région ?

Pourtant, et depuis plus de vingt ans, les Fonds régionaux d’art contemporain comptent parmi les structures les plus essentielles et les plus déterminantes ayant mis en place un rapprochement entre la création contemporaine et l’ensemble des publics sur tout le territoire national, à travers la constitution de collections de grande qualité, leur programme d’expositions, leur politique éducative et pédagogique, leur soutien à de nouvelles générations d’artistes, la production d’œuvres, l’organisation d’événements, etc.

Malgré l’importance du travail accompli, leurs crédits d’acquisition se sont souvent vus drastiquement diminués sinon supprimés, leurs budgets de fonctionnement «gelés», leur capacité à produire entravée, et la possibilité d’expérimenter et d’innover réduite à néant.

Aussi ne doivent-ils leur survie qu’au prix de multiples acrobaties mettant en péril l’équilibre de leur structure elle-même, remuant ciel et terre aux quatre coins des régions pour s’activer à montrer, envers et contre tout, les propositions les plus audacieuses de l’art actuel, à former le goût du public éloigné des grandes métropoles, à constituer des réseaux de partenariats avec l’ensemble des structures culturelles et éducatives d’une région, à constituer des collections de haut niveau, à aider les artistes tout comme les galeries qui les représentent, à promouvoir l’art en France et à l’international…
Et tout cela avec des budgets très restreints, variant selon les régions de 400 000 à 1 400 000 euros et des microéquipes de 3 à 10 permanents. Les FRAC sont ainsi réduits à encore devoir légitimer leur présence en région auprès de 41 millions d’habitants, alors même qu’ils ne reçoivent qu’une part minime des budgets ministériels ou territoriaux.

Nous ne voulons plus de cette «placardisation». Alors que la diffusion des formes d’art actuel demande du temps, de la patience et beaucoup de persévérance, nous sommes soumis à une pression administrative et économique, à une dictature des chiffres et des statistiques comme à celle du marketing et de l’audimat que nous ne comprenons pas, ou plutôt que nous comprenons trop bien. Cette situation est absurde. Cette précarité est insupportable. Halte à l’hécatombe !

Nous demandons des situations saines, des partenariats actifs, des budgets en adéquation avec nos missions, du temps, de l’écoute et de la confiance. Si les directeurs de Frac alertent aujourd’hui l’opinion publique, c’est qu’ils n’ont pas d’autres choix. Profession jusqu’alors peu revendicatrice, sans syndicat ni autres organes de représentation, nous sommes acculés à tirer le signal d’alarme. Cela n’évitera certainement pas le feu, mais permettra de sauver les meubles, sinon des œuvres et des artistes.

Nous croyons toujours en l’importance de notre mission pour l’art contemporain, les artistes et leurs œuvres. C’est pourquoi, nous demandons un débat national sur l’art contemporain en région, sinon le projet de décentralisation de l’art en France sera réellement en danger.

Association nationale des directeurs de Frac
Frac Lorraine,
1bis, rue des Trinitaires. 57000 Metz
T. 33 3 87 74 20 02
F. 33 3 87 74 20 56
Andf_association@yahoo.fr

AUTRES EVENEMENTS ÉCHOS