ÉCHOS
01 Jan 2002

07.07.05. La Générale menacée d’expulsion

«La Générale», collectif d’artistes récent qui a transformé des locaux près de Belleville en un véritable centre d’échanges artistiques, est soudainement menacé d’expulsion par le Ministère de l’Éducation nationale.

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Cela fait exactement 150 jours que «La Générale» existe. «La Générale» est un collectif d’artistes qui, depuis février 2005, occupe des locaux possédés par le Ministère de l’Éducation nationale mais laissés vacants depuis plusieurs années.
Ce grand immeuble qui s’étend sur la majeure partie de la rue du Général Lassalle, derrière la rue de Belleville, fut, dans les premières décennies du XXe siècle, une usine de chaussures. Il en est resté de vastes espaces, dont une haute verrière hors du temps avec son lierre desséché qui pend le long d’une charpente métallique, et des volumes prêts à accueillir expositions, art vivant, théâtre.

Durant ses cinq mois d’existence, «La Générale» a mis sur pied un lieu qui, bien que de la nature du «squat» n’a rien à voir avec ce que l’on entend généralement par là: ce n’est pas un lieu clos interdit d’accès à tout autre personne qu’aux squatters, pas un refuge pour artistes en perdition, pas une ruine dont l’occupation ne ferait qu’aggraver l’état.
Bien au contraire, «La Générale» apparaît comme un centre d’art spontané et alternatif.

La trentaine d’ateliers qui a été créée, le laboratoire de photographie, le studio de tournage qui disposent d’outils mutualisés sont ouverts non seulement aux résidents mais à tout artiste extérieur qui en aurait usage. Félicia Atkinson, qui propose une «poésie-performance» dimanche prochain à la Fondation Cartier, répète ainsi à «La Générale» (la Fondation n’ayant pas de lieu de répétition à sa disposition). «La Générale» se présente donc comme une plate-forme, un lieu de circulations et d’échanges, ouvert sur l’extérieur, à commencer par les associations du quartier.
Parmi ses résidents, outre un certain nombre de diplômés des Beaux-Arts de Paris ou de Cergy, on trouve par exemple la revue Vacarme, un photographe et plasticien diplômé de l’IEP, un artiste professeur à l’Institut universitaire national d’art en Argentine…

«La Générale», cependant, n’ignore pas que sa vie doit être brève. Il est prévu que le lieu soit racheté au Ministère de l’Éducation nationale pour en faire un hôpital de pédopsychiatrie. Ce projet, jusqu’ici, n’a nullement gêné les résidents qui en savent le bien-fondé et n’entendent pas l’entraver. L’intention de «La Générale» est, dans l’attente que le projet se mette en place (ce qui ne saurait se faire avant plusieurs mois au moins) de combler un vide, tant que vide il y a, de mettre de la vie là où régnait l’abandon, de favoriser les échanges et la créativité dans un bâtiment qui paraît extraordinairement destiné à cela.

Le projet d’hôpital existe depuis deux ans, et rien n’est encore concrétisé. Or il se trouve que depuis un dizaine de jours l’Éducation nationale (qui a été mise au courant de l’occupation des lieux dès le début) menace «La Générale» d’expulsion, par un référé d’heure à heure, sous le prétexte d’un «péril imminent».
Quel est ce péril? Les locaux sont sains (à l’exception d’une partie infiltrée d’eau, pour laquelle des réparations ont été effectuées par les résidents eux-mêmes, et qui d’ailleurs condamnée). Et le Ministère n’est en mesure de fournir aucune attestation prouvant leur caractère dangereux.
Une telle précipitation, que rien ne laissait présager et qui semble sans rapport avec le projet d’hôpital, apparaît comme absurde. Elle est surtout regrettable, coupant les ailes à tout ce qui a été entrepris et inventé dans les lieux.

Le 8 juillet, la justice doit décider ou non de l’expulsion. Si jamais l’expulsion est décidée, «La Générale» fera appel, bénéficiant d’ores et déjà de soutiens nombreux, notamment parmi le personnel de la Mairie de Paris et de la Mairie du XIXe, ainsi que de la part du Plateau, de la revue Multitudes, du Théâtre Paris-Villette, parmi d’autres (avec qui des partenariats ont auparavant été établis).

Anne Malherbe

La Générale
10-14 rue du Général Lassalle
75019 Paris

Une pétition circule. Signez-la !
http://www.lagenerale.org

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