ÉCHOS
01 Jan 2002

06.08.06. Pierre Huber, nouveau mécène de l’art vidéo

Galeriste et collectionneur genévois, Pierre Huber possède environ 3 000 oeuvres, issues de l’art contemporain. Parmi celles-ci, plus de cent sont des vidéos, fait assez rare pour être souligné compte tenu de la jeunesse de cette branche.

Une quinzaine d’entre elles sont exposées au Magasin de Grenoble (1), témoignant des expérimentations de David Claerbout, Nam June Paik, Sylvie Fleury et bien d’autres. Moins développée que l’exposition issue de la collection Isabelle et Jean-Conrad Lemaître à la Maison Rouge (voir dans nos pages), cette manifestation confirme toutefois le virage engagé par l’art contemporain.

Dans une interview donnée le 16 août 2006 à Libération, Pierre Huber évoque ce goût nouveau pour l’art filmique. Pour tracer la genèse de sa passion, il invoque le «virus de la collection» et un irrésistible attrait pour l’avenir. «Cette passion ressemble pour moi au fait d’écrire un livre. Au fur et à mesure que l’art évoluait, j’ai moi-même évolué».

Le galeriste revendique également une autonomie de choix : «je n’ai jamais acheté des artistes parce qu’il fallait les acheter. En tant que marchand, je remarque que beaucoup de collectionneurs sont plus influencés par leurs oreilles que par leur propre déduction. Je me fie, moi, à ma propre approche, je m’intéresse aussi bien à des artistes qui n’intéressent personne qu’à d’autres qui intéressent tout le monde et j’assume mes choix.»

Si ce collectionneur s’intéresse à l’art vidéo, c’est aussi d’un point de vue objectif, proche de celui d’un historien d’art. Selon lui, l’art vidéo est une nouvelle discipline à prendre en compte, et le film est un nouveau médium indépendant des autres capacités des artistes. Dans un but exhaustif, il l’inclue donc à sa collection, devenue entreposition plus qu’exposition d’agrément.

«Je n’ai pas la place chez moi d’avoir plus de 30 ou 40 oeuvres en même temps. Alors je stocke les autres. Ce qui revient à dire que la passion de la collection est plus forte que celle d’être en face des oeuvres. Cela étant, elles ont toutes une place dans ma tête. Et comme j’aime tout ce que j’ai, je demande tous les deux mois à quelqu’un de me changer l’accrochage, de façon à avoir chaque fois un effet de surprise. Avec les vidéos, c’est un peu différent. J’ai un écran à la maison et je les visualise dès que j’en ai envie. Mais j’ai beau adorer les oeuvres que je possède, je pense toujours à la prochaine».

(1) www.magasin-cnac.org/, «Review», jusqu’au 3 septembre

Par Pascaline Vallée

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