ÉCHOS
01 Jan 2002

05.10.05. Qui veut sauver le patrimoine photographique ?

Lors d’une conférence de presse organisée le 29 septembre dans les locaux du studio Harcourt, à Paris, l’Association de défense des intérêts des donateurs et ayants droit de l’ex-Patrimoine photographique (Adidaepp), née en octobre 2004, dénonçait une «politique de sabordage» émanant de l’Etat, qu’elle tient pour responsable de la dévalorisation de son patrimoine photographique, voire de sa mise en péril.

Lorsqu’il était ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon avait lancé le projet de constituer une institution photographique nationale, sous l’égide de la Galerie nationale du Jeu de Paume, nouveau temple de la photographie.
Le 1er mai 2004, la Galerie nationale du Jeu de Paume, le Centre national de la Photographie et le Patrimoine photographique fusionnaient dans l’Association de préfiguration de l’Établissement public Jeu de Paume présidée par Alain-Dominique Perrin, et dirigée par Régis Durand.
Le projet devait aboutir à la constitution d’un EPIC (Etablissement public industriel et commercial) qui, prévu pour le 1er janvier 2005, n’a toujours pas vu le jour…

L’association Patrimoine photographique, dont l’effectif s’est vu réduit de 15 à 4 personnes, avait pour mission de gérer seize grands fonds, dont les archives négatives du studio Harcourt, achetées par l’État, et quatorze collections ayant fait l’objet d’une donation ou d’un legs, comme les fonds Denise Colomb, André Kertész, Willy Ronis ou Raymond Voinquel.

La conservation s’est vue confiée à la médiathèque du Patrimoine (dépendant de la direction de l’Architecture et du Patrimoine) et entreposée en banlieue parisienne, au fort de Saint-Cyr, dont les conditions de conservation sont remises en cause. La «valorisation culturelle» a échu au Jeu de Paume, tandis que la diffusion commerciale devrait revenir à la Réunion des musées nationaux, actuellement en crise.

C’est pour réagir à l’éclatement de ces trois missions (conserver, valoriser, commercialiser) entre trois entités administratives autonomes, que les donateurs et ayants droit se sont regroupés en octobre 2004 dans l’Adidaepp.
Ils réclament notamment qu’un unique service responsable de la conservation, de la valorisation, de la commercialisation et du respect du droit moral soit maintenu au sein du Jeu de Paume sous la direction d’un conservateur spécialisé assurant la connaissance des fonds.
Une vente solidaire de photographies et de livres de photographies sera organisée dans le cadre de Paris Photo, en novembre.

Si l’Etat, qui rechigne déjà à la promotion de l’art contemporain et l’aide à la création, se met à délaisser son cher «Patrimoine»… Où va-t-on ?

Anne-Lou Vicente.

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