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Simplified

PLaurent Perbos
@12 Jan 2008

Un labyrinthe : par un jeu de miroirs disposés dans l’espace Jeppe Hein implique directement le spectateur au cœur d’un dispositif interactif, et lui fait revisiter le mythe du dédale dans une déambulation sans fin mais à première vue sans appréhension.

Comme une suite, un écho, à l’exposition organisée au Centre Georges Pompidou, Jeppe Hein propose à la Galerie Yvon Lambert, une œuvre intitulée Simplified, conçue sur le thème du Labyrinthe. Par un jeu de miroirs disposés dans l’espace il implique directement le spectateur au cœur d’un dispositif interactif. Cette sculpture géométrique démesurée nous fait revisiter le mythe du dédale tant de fois utilisé. Dépourvu ici de sentiment négatif comme l’errance, le péril ou la mort, cette installation nous confronte à notre propre regard et à celui des autres dans une déambulation sans fin mais à première vue sans appréhension.

Plusieurs entrées s’offrent à nous. On en choisit une avec l’idée qu’elle sera déterminante pour le reste de la visite. Très rapidement on s’aperçoit que le lieu n’est pas clos, qu’il s’ouvre de tous les côtés vers l’extérieur de la pièce. Rassurés par ces échappatoires, on poursuit l’exploration. Que va-t-on découvrir au centre de cet enchevêtrement de plaques verticales? L’énigme ne trouve pas de réponse. C’est ailleurs que se situe le questionnement de l’artiste.

Sa réflexion porte davantage sur l’organisation architecturale du lieu, l’investissement et la modularité de l’espace. Les parcours multiples qui se dessinent sous les pieds des visiteurs construisent de nouvelles configurations. Les personnes qui entrent et sortent de cette immense «boîte» évidée lui donnent un nouveau visage.
Les différentes présences, les rencontres et les réactions inattendues confèrent à l’ensemble un mouvement perpétuel. L’œuvre renaît à chaque instant et ne se ressemble jamais. Le labyrinthe grec ne possède qu’une entrée et oblige l’individu qui y pénètre à faire le chemin en sens inve rse pour pouvoir en sortir. Ici les possibilités de quitter l’endroit sont infinies.

Jeppe Hein nous invite à considérer un autre aspect de ce type de construction. Fortement inspiré par le minimalisme et par ses sculptures épurées, il ajoute une dimension ludique à l’ensemble. Un dialogue s’instaure avec la personne qui regarde et traverse l’œuvre. La sobriété de Simplified lui permet de jouer avec les gens qui se prêtent à l’expérience.
Les reflets des miroirs sont autant de dédoublements incessants des corps et de l’endroit investi. Ces mises en abîme perturbent nos repères spatio-temporels. On voit apparaître des images sans trop savoir où se trouvent les originaux qui les constituent. On entre en contact de manière virtuelle avec des silhouettes étrangère s.

L’artiste nous interroge sur notre rapport psychologique à l’espace. Face à face avec cet «autre», on hésite, on sourit, on s’avance. On foule un territoire qui n’appartient à personne et dans lequel on ne sent pas pour autant légitime.
La peur de l’inconnu se superpose à celle de la rencontre, de la proximité et du partage. Symbole des rapports sociaux en général ou variation autour des cinq mythes de Thésée, d’Ariane, de Dédale, d’Icare, de Minos et de Pasiphaé?
Jeppe Hein nous invite ici à une méditation plus personnelle et semble nous poser une question : Notre propre construction a-t-elle ou non des répercussions immédiates ou différées sur notre environnement et ceux qui le constituent?

Jeppe Hein, Simplified Mirror Labyrinth, 2005. PVC, polished stainless steel. 230 x 800 x 800 cm.

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