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Philippe Ramette. Catalogue rationnel

Des prothèses pour contraindre l’apesanteur. Aucune manipulation dans les photos de Ramette, juste l’utilisation de procédés bien cachés — et dans ce catalogue dévoilés — qui rendent ces images intriguantes. Si les dessins rappellent Glen Baxter, c’est à un non-sense très british que les photos se réfèrent. Pour notre plus grand bonheur.

— Éditeur : Galerie Xippas, Paris
— Année : 2004
— Format : 22 x 22,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 226
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-909061-38-X
— Prix : 30 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste à la galerie Xippas (17 janv.-28 fév. 2004)

Introduction : l’homme de Ramette
par Christian Bernard (extrait, p. 13-14)

Il y a chez Philippe Ramette un emploi implacable de la logique nominaliste, un sens aigu de la démonstration, notamment par l’absurde, au service d’une propension retorse pour les tactiques de l’auto-dérision. C’est ainsi qu’il est naturellement le premier usager et bénéficiaire de ses instruments, accessoires et autres prothèses.
Car l’homme selon Ramette fait penser aux planches de l’iconologie classique : il se présente appareillé, toujours muni d’atouts qui en symbolisent l’histoire ou le destin.

L’Homme de Ramette est moral, il se sait faible et mortel, il connaît les illusions communes et s’attache à corriger certains de ses défauts innés. Il peut ainsi se redresser ou s’incliner selon qu’il lui faille marquer la dignité ou l’humilité. Il porte sa propre prison et dispose d’une potence domestique. Il peut s’isoler en enfermant sa tête dans une boîte «ad hoc», il sait aussi manipuler le vide, voir le monde en détail et regarder le chemin parcouru. Il réfléchit, juché sur des échasses. Il sait même se voir regarder et, s’il veut voyager dans le temps ou se faire foudroyer, c’est sans quitter son fauteuil. Ce pessimiste détaché n’est ni un héros ni un prophète, ni une victime ni un bourreau, il est modeste et pragmatique : l’action pure est sa vérité banale, sa thérapie symbolique, son improbable «catharsis» — la forme incroyante de sa foi.

C’est ainsi que Philippe Ramette doit être d’abord reconnu cormne un inventeur d’utilité publique, véritable ergonome pataphysicien. Ce neveu de Panamarenko, ce cousin germain de Slominski, fait commerce d’objets qui ne doivent presque rien aux codes en vigueur dans le champ de l’art contemporain et dont le fonctionnement, souvent déceptif, nous entraîne dans des excursions grinçantes et drôles à travers nos miroirs qui se nomment naï;veté, ridicule et tragédie.

(Texte publié avec l’aimable autorisation de la galerie Xippas)

L’artiste
Philippe Ramette est