DANSE | SPECTACLE

Festival d’Automne | Dance Concert

03 Oct - 06 Oct 2018

Avec Dance Concert, la chorégraphe polonaise Ola Maciejewska livre une performance musicale contrôlée par des corps dansants. Autrement dit, une pièce où le mouvement des trois danseuses, dans un champ magnétique, produit du son. Entre terpsitone et térémine : une expérience inouïe.

Avec Dance Concert (2018), la chorégraphe polonaise Ola Maciejewska livre une pièce pour trois danseuses — Keyna Nara, Julia Plawgo, Frida Gulia Franceschini. En réalité, une pièce pour trois danseuses, un ingénieur (Alberto Novello) et un instrument énigmatique : le terpsitone. À savoir un instrument créé par l’inventeur russe Lev Sergueïevitch Termen [Léon Theremin], au début du XXe siècle. Comme son grand frère le térémine, le terpsitone, fonctionne sur la base des vibrations. Sans contact, ce sont les mouvements des corps, dans un champ magnétique, qui génèrent la musique. Réputé irréalisable et injouable, Ola Maciejewska lui donne pourtant corps. Mais aussi parce qu’après les 4’33″ de John Cage (1952), où le pianiste ne joue pas, où le public fait musique : le rapport aux textures sonores a changé. Entrelaçant danse, musique et invention, Dance Concert se présente comme une performance musicale contrôlée par des corps dansants.

Dance Concert d’Ola Maciejewska : performance musicale de corps dansants

Attentive aux atmosphères, la chorégraphe Ola Maciejewska travaille souvent avec la texture du présent, en temps réel. Pour sa pièce Bombyx Mori (2015), par exemple, elle avait repris le costume créé par la danseuse Loïe Fuller pour en faire une source sonore. Drapé soyeux et immense étoffe sombre, très visuelle : les mouvements des interprètes devenaient alors musique. Une musique entrelacée à celle du public. Avec Dance Concert, Ola Maciejewska creuse les liens entre mouvements et son. Si la danse et la musique entretiennent des liens de symbiose, il est plus rare que ce soit la danse qui compose la musique. Sculpture du rythme et champ magnétique : les corps dansants deviennent ici instruments de musique. Une expérience presque synesthésique, où la sensibilité s’augmente d’une autre manière de percevoir le mouvement. Et développant sa recherche dans le domaine du sensorimoteur, Ola Maciejewska cultive l’invention d’instruments sensoriels.

Capter la musique des mouvements : un dispositif inédit entre terpsitone et térémine

Loïe Fuller et son costume-prothèse (inventé pour prolonger ses mains)… Léon Theremin et le terpsitone comme instrument de musique… Ola Maciejewska ne fait pas que reprendre des inventions existantes. En réalité le terpsitone est un projet théorique. Et la version créée par Ola Maciejewska (avec Wilco Botermans, notamment) prend les traits d’un composite entre terpsitone et térémine. Dispositif visible sur scène, se sont huit antennes qui viennent capter les mouvements. Dans le prolongement des recherches conjointes de John Cage, Merce Cunningham et Robert Moog (Variations V, 1965). Mais avec davantage d’ampleur, un plus grand rayon d’action, une sensibilité accrue. Travail collectif d’invention et de création ; projet conjuguant art, chorégraphie, recherche et développement… La pièce Dance Concert cultive poésie et innovation. De l’inouïe au sens littéral, à découvrir dans le cadre du Festival d’Automne 2018.

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