ART | EXPO

Marc Etienne/ Marc Etienne

29 Mai - 12 Juil 2014
Vernissage le 29 Mai 2014

Marc Etienne réalise des installations mêlant dessin et sculpture dans lesquelles il questionne les notions de figure, d'archétype, de geste. Dans cette exposition à double entrée, il développe d'une part une écriture plastique de la notion de musicalité et, d'autre part, fait cohabiter dans l'espace les objets qui le fascinent en tant que fan de musique.

Marc Etienne/ Marc Etienne

Le travail de Marc Etienne renvoie à la théorie de la «vallée de l’étrange», une hypothèse élaborée à la fin des années 1960 suite à des recherches concernant le rapport sensible des humains aux robots. Selon le roboticien japonais Masahiro Mori, les efforts cherchant à rendre les automates plus anthropomorphes seraient inutiles, car le jour où ils rentreraient dans l’espace domestique, ses habitants glisseraient, de toute façon dans la vallée de l’étrange une sorte de rejet irrationnel.

L’artiste s’intéresse à la façon dont cette théorie a ensuite été appropriée par les réalisateurs de dessins animés, cherchant à maîtriser les effets de l’introduction d’éléments incohérents à l’intérieur de la narration. Ainsi, chaque élément dans une exposition de Marc Etienne fonctionne comme un acteur dans un scénario désorganisé un «personnage à réactiver», tel que les désignait Pierre Joseph, à la différence qu’ici, ils nous amènent au seuil de notre capacité à les interpréter. Plus que la stabilité d’une bande dessinée, c’est le dessin animé qui le mieux parvient à produire des rebondissements absurdes entre violence et fable morale, avec des trous amnésiques qui autorisent le passage du meurtre à la reprise impeccable, au milieu d’animaux qui parlent et de chaises qui valsent.

En contrechamp à ces stratégies fictionnelles où tout est praticable, Marc Etienne leur associe un intérêt pour les marionnettes bunraku du théâtre japonais, où les manipulateurs apparaissent en pleine lumière à côté des personnages: nul besoin d’effort illusionniste quand tout repose dans notre désir de croire.
Loin de l’évocation d’un monde soi-disant féerique de l’enfance, cet univers folk ne croit plus à «l’authenticité» tellurique et ne reconnaît aucun point d’origine aux «traditions». Le folk est ici plus proche de l’artisanat industriel pour touristes ou de la décoration d’un appartement HLM en style «rustique».

L’intérêt de Marc Etienne pour les pratiques d’amateurs vient problématiser la délimitation d’un champ spécifique à l’art et le statut non spécialisé de l’artiste. S’il emprunte à l’artisanat domestique le désir de posséder les objets à travers sa fabrication, il pervertit aussitôt les joies infinies du labeur et la minutie de l’ouvrage par des accélérations, utilisant la répétition pour produire du rejet, et envisageant le rôle de ses objets comme des interfaces dans un scénario. (D’après un texte de Pedro Morais)

L’exposition présentée au Château de Servières intitulée «Marc Etienne/Marc Etienne» est un projet d’écriture d’«opéra schizophrénique».
D’une part l’exposition montre, à partir d’une bande musicale évoquant une ballade dans un paysage sonore, une écriture plastique des notions de musicalité, de dramaturgie, d’intrigue, de mystère et d’imaginaire. Le dispositif de monstration utilise et met en scène des créations personnelles ainsi que des contributions d’œuvres d’autres artistes ou fabricateurs d’objets. D’autre part Marc Etienne, (quant à lui), exhibe le fan de musique qu’il incarne en faisant cohabiter dans l’espace les objets de sa fascination. Cette exposition à double entrée déploiera sculptures, vidéos et dessins.

L’exposition est présentée dans le cadre de la 6e édition du Printemps de l’art contemporain organisée par le réseau Marseilleexpos.

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