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Le revolver à cheveux blancs

27 Juin - 31 Août 2008
Vernissage le 26 Juin 2008

« Le revolver à cheveux blancs » emprunte son titre à André Breton, instigateur d’imaginaire, qui fait de l’objet trouvé au hasard la matière de toutes les interprétations poétiques, littéraires ou plastiques.

Communiqué de presse
Quentin Armand, Karim Ghelloussi, Ariel Schlesinger, Nebojsa Seric Shoba, Sergio Taborda, Kerstin Wagener, Tilman Wendland
Le revolver à cheveux blancs

Dans une architecture spécialement conçue pour le lieu, le visiteur est amené, au fil d’un cheminement, à découvrir des œuvres hybrides. Ces sculptures, souvent faites d’objets du quotidien aux associations burlesques, inédites, incongrues, convoquent des mondes bien différents, tirant un trait entre passé, présent, futur. Inventions, détournements ou mutations, on ne sait si ces drôles d’objets répondent aux usages des temps actuels ou s’ils résistent, dans un pied de nez, à leur possible transformation. 
 
Au loin, sur une ligne de quelques mètres figurée par les volutes d’un rocking-chair semblant s’échapper d’une cafetière ciselée, se déploie la sculpture Arabesque de Karim Ghelloussi. Les éléments de bois, assemblés selon un équilibre précaire, rejouent l’instant figé d’une fumée gigantesque, tournoyante. Mettant en scène des images mentales, une poétique de chiffonnier, avec en sus une forte dimension onirique, les sculptures de Ghelloussi nous disent bien que c’est la forme qui génère du sens et non l’inverse. Ceci vaut sans doute également pour l’œuvre de Kerstin Wagener, une paire de chaussures de femme usée, brûlée, enchâssée de jambes en forme de bouteilles en plastique. La fusion, aussi bien thermique que formelle, pourtant grossière, est saisissante. Le dessous rose d’une des chaussures, comme un accès de timidité ou d’émotion, apaise la violence d’une telle rencontre. Mêlant l’intime aux faits du dehors, Kerstin Wagener donne à ses sculptures et tableaux des accents ambivalents du  monde  en cours. C’est également dans un esprit de corps à corps qu’a été conçue la sculpture de Sérgio Taborda.
   
Un poids en bronze a été modelé à la main pour retenir les pages d’un livre de Samuel Beckett. Conçu sur mesure, selon le volume, la taille et la résistance du livre mais aussi selon l’auteur et la largeur du texte imprimé, nous voilà dans un rapport de matières, aussi bien premières qu’intellectuelles. Faits l’un pour l’autre, le poids et son livre, ou le livre et son poids, dans une permanente tension, sont un écho au théâtre de l’absurde et à la difficulté de communiquer. Autre corps à corps, la paire de ciseaux d’Ariel Schlesinger. Celle-ci, par de légères interventions de l’auteur non visibles au premier coup d’œil, a été entravée dans sa fonction. Les anneaux où les doigts se glissent d’ordinaire ont été coupés, empêchant d’être tenus pour la découpe et les lames se croisent sans se rencontrer. Arborant un côté éminemment humain dans son usure (et de fait, son histoire), ses particularités physiques lui donnant une personnalité propre, la paire de ciseaux évoque également un nouveau rapport au geste : dans ce coeur formé par les anneaux, on imagine des doigts qui se touchent.

Une sonnerie de téléphone, soudain, brise le silence de l’exposition et ramène le visiteur au réel. Le Shobaphone est un combiné en bakélite avec, au bout du fil, une connexion pour Nokia. L’objet, associé au nom de son créateur, semble comme la prolongation d’un corps. La réelle fonctionnalité de l’objet, disponible à la vente en édition, évacue l’éventuel canular pour envisager une véritable traversée temporelle, technique et usuelle. Le Shobaphone fait partie des sculptures et autres objets efficaces que Nebojsa Seric Shoba emplit de symboles historiques, politiques ou sociaux.

Sur le devant de la scène, un poisson, enchaîné à un parpaing, a tenté un suicide dans une flaque d’eau. Il semble que l’on ait manqué de peu l’acte final, respirant encore  le sensationnel et l’instantané. Peut-être aussi l’odeur de poisson frais. Quentin Armand est particulièrement adepte de situations prises sur le vif, rendant la dimension du vivant dans des arrangements aussi légers que lourds de sens, quand il s’agit de la vie même. Fragments ouvrant sur des narrations, teintées de dérision et d’imaginaire parfois débridées, photographies, sculptures et installations nous emportent dans un au-delà pourtant bien ici.
 
Souvent empreints d’absurde, d’humour et de poésie, ces objets intenables, prêts à s’envoler, établissent un étrange dialogue avec un contexte architectural inscrit dans une réalité spatiale, qui répond au concept de l’ici et maintenant. Tilman Wendland a conçu une installation spécialement pour l’architecture du pavillon d’exposition. Indépendante des sculptures qu’elle côtoie, l’installation, faite de matériaux divers, a sa propre histoire. Jouant avec les baies et la transparence de ce volume tout en verre, investissant le rectangle de 220m2 en provoquant rythmes et stations formelles, soulignant ou détournant les arêtes, Tilman Wendland s’attache à créer une nouvelle situation spatiale, où les objets/sculptures prendront place là où bon leur semble.

Dans la filiation de la collection du musée, qui prend ses racines entre autres dans le Surréalisme, l’exposition peut être perçue comme une libre dérivation, un regard oblique nourri d’œuvres d’aujourd’hui. « Le revolver à cheveux blancs » emprunte son titre à André Breton, instigateur d’imaginaire, qui fait de l’objet trouvé au hasard la matière de toutes les interprétations poétiques, littéraires ou plastiques. Si l’on associe ces qualités aux objets à fonctionnement symbolique de Salvador Dali, dotés d’un mécanisme de révélation de l’inconscient, nous voilà face à des objets profondément humains. Sans revendiquer directement ces références, les objets-sculptures des artistes présentés découlent de ce mode de pensée. Le visiteur achève le clin d’œil à ces agitateurs de l’avant-garde par sa déambulation dans l’exposition, en écho aux promenades blésoises initiatiques effectuées par quelques Surréalistes.

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