ART | EXPO

Eschatologie

09 Nov - 21 Déc 2012
Vernissage le 09 Nov 2012

Si comme les Mayas le prédisent en arrêtant leur calendrier au 21 décembre prochain, et si comme dans toutes les croyances, il y a un préambule à la fin du monde, alors Apocalypse il y aura! Cette exposition en noir et blanc présente un aperçu artistique avant la fin du compte à rebours, et peut-être le début d’une nouvelle ère.

Sandra Aubry et Sébastien Bourg, Dominique Blais, Lily Hibberd, Damien Marchal, Juliette Mogenet, Stéfane Perraud, Miguel Angel Valdivia
Eschatologie

Face à ses propres peurs, l’être humain alimente ses fantasmes de mythes et de légendes. On observe d’ailleurs, avant tout événement ou prédiction, une période de panique généralisée où tout semble confus, désordonné, l’équilibre se perdant pour laisser place à des prophéties auto-réalisatrices. Dans cette paranoïa collective, chaque événement, désastre naturel ou humain, devient un signe annonciateur d’une fin de l’univers.

Les éléments se déchaînent à l’image des tremblements de terre sublimés par les leds de Stéfane Perraud. Les outils s’emballent, le traceur de Damien Marchal crache une interprétation dessinée des Walkyries de Wagner de manière aléatoire. Le son répétitif et lancinant de cette machine en fin de vie, accompagnera selon la légende guerrière des walkyries, la mémoire de ces engins obsolètes qui remonte au Walhalla en poussant un dernier cri de ralliement.

Cet appel, les cavaliers de l’apocalypse de Miguel Angel Valdivia semblent l’avoir entendu. Ses chevaux, émergeant au galop d’endroits surréalistes, sont montés par des êtres sans visage qui répandent une terreur destructrice.

Et si l’homme dépassait le mythe pour créer naturellement sa propre fin? Et si cette peur de fin du monde annoncée n’exprimait rien de moins que notre sentiment d’impuissance collective?

Les dessins Catastrophes de Sandra Aubry et Sébastien Bourg nous plongent dans une ambiance de malaise, rappelant certains événements spectaculaires faisant partie de la mémoire collective. Collages, impressions sur calque, mine graphite interpellent, dérangent et prennent du volume et de l’ampleur. Ces destructions sont figées, cristallisées dans un état de transformation, où la fin d’une phase et le début d’une autre ne font qu’un. L’humain est exclu de ces représentations; elles semblent alors être les décors d’un ordre où le vivant joue à se déconstruire et se reconstruire, en dehors de tout positionnement moral.

L’absence de vie est aussi évidente dans le travail de Juliette Mogenet qui mêle dans ses «installations» en miroir brisé, architecture et déconstruction, harmonie et destruction, pour laisser le regard se heurter à une douce brutalité. La folie intervient pour casser sa propre linéarité et il ne reste qu’une trace du passage destructeur, dans un espace désertique, vidé de toute forme de vie.

Les paysages arides et apocalyptiques de Miguel Angel Valdivia sont au contraire peuplés par des êtres mutiques se perdant dans une terre désolée. L’homme, sans visage, anonyme, est tantôt bourreau, tantôt victime.

Dans l’installation de Lily Hibberd, l’humanité est responsable de sa propre déchéance. En réinterprétant le mythe de l’esclave, les différentes pièces questionnent le paradoxe entre l’accès illimité aux énergies naturelles et la dette globale du monde capitaliste. Une sorte d’allégorie de la fin d’une humanité en surconsommation de ses ressources naturelles et humaines.

L’œuvre sonore et immatérielle de Dominique Blais perturbe l’espace d’exposition. A peine audible, la mélopée de la pièce intitulée Ways rompt le silence, une épée de Damoclès invisible mais pourtant présente. Deux versions de My Way, de Sinatra et de Sid Vicious, sont lues sans mélodie et simultanément, chaque enceinte diffusant une des interprétations. Une «rétrospective» sur soi-même, un bilan avant la fin. «And now the end is near and so I face the final curtain» (Extrait des paroles de My Way)

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