Angle mort

Communiqué de presse
Jorge Peris
Angle mort

Jorge Peris conçoit des installations où le visiteur tient une place centrale. Totalement intégré à l’œuvre, celui-ci expérimente des situations données. Les espaces, tels des mises en scènes, traquent de façon inattendue le spectateur qui peut se retrouver «héros d’un jour» au milieu d’une scène, ovationné, violemment éclairé par des spots ou encore acteur d’une fête organisée par l’artiste.

Pour Public, Jorge Peris a souhaité occuper l’espace de manière négative: de l’extérieur, le visiteur ne remarque a priori rien de particulier à travers la vitrine si ce n’est l’espace blanc et vide de la galerie. Le visiteur habitué percevra pourtant une légère nuance quant aux proportions, qui semblent rétrécies. A l’entrée, un long couloir étroit invite à faire le tour de l’espace sans jamais y entrer.

L’installation, avec ses différents niveaux de lecture, a pour objet principal de perturber les perceptions du spectateur et d’instaurer un certain degré de frustration. «Angle mort» déjoue la mémoire visuelle du public habitué et détourne, renverse ou pousse à bout l’idée du programme «Aménagements intérieurs»: s’il ne s’agit pas d’occupation réelle, il est en effet plutôt question d’une intériorisation de l’espace. D’autre part, ce dispositif interroge notre rapport à l’autre, que l’on voit disparaître aussitôt entré. Une manière de mettre l’accent sur la vitrine, point d’observation majeur, vecteur de spectacle et d’action. Les visiteurs n’apparaissant jamais sur scène, contraints de rester en coulisses et de s’y croiser, Jorge Peris fait de Public un théâtre vide. Son installation s’annonce ainsi comme un véritable contrepoint à l’histoire et l’identité du lieu, connu justement pour ses multiples performances, interventions, échanges et rencontres.

«Aménagements intérieurs» regroupe une série de quatre expositions monographiques qui ponctuent la programmation annuelle de Public. Guillaume Leblon, Pierre Malphettes, Marc Quer et Jorge Peris ont occupé chacun différemment l’espace de Public: 90 m2 remesurés, réévalués, reconsidérés, transformés. Les installations de ces quatre artistes, qui visent à détourner volumes, matières et lumières, déjouant ainsi nos repères, contribuent à donner une autre perception du lieu.