DANSE | SPECTACLE

Festival d’Automne | Les Vagues

14 Nov - 17 Nov 2018

Avec Les Vagues, le chorégraphe Noé Soulier livre une nouvelle plongée dans les arcanes du geste. Relevant le défi d'activer la mémoire corporelle des spectateurs, les danseurs y amorcent des mouvements que les publics prolongent mentalement.

Jouant sur l’empathie (et les neurones miroirs ?), le chorégraphe Noé Soulier compose des pièces qui s’ingénient à activer la mémoire corporelle des spectateurs. Sa dernière création, Les Vagues (2018) fonctionne ainsi à la lisière du jazz et du happening. Recherche sur le mouvement, Noé Soulier analyse ses structures. Avec, notamment, la question de l’enchaînement. Pour les idées il y a le train of thought [train de pensée / association d’idées]. Mais pour le mouvement, qu’y a-t-il ? Dans les années 1960, l’artiste et performeur Allan Kaprow, avec ses happenings, s’est attelé à la question. Mais plutôt du côté de l’acteur, de celui qui agit. Avec Les Vagues, Noé Soulier entend explorer ce qu’induit, chez les spectateurs, la perception de l’ébauche de différents mouvements. Gestes amorcés, Les Vagues distille des réponses chez les publics, enclins, peut-être, à finir mentalement le mouvement entamé. Une pièce à retrouver dans le cadre du Festival d’Automne 2018.

Les Vagues de Noé Soulier : ou comment activer la mémoire corporelle des publics

Les Vagues prend la forme d’une pièce pour six danseurs — Stéphanie Amurao, Lucas Bassereau, Meleat Frederikson, Yumiko Funaya, Anna Massoni, Nans Pierson — et deux percussionnistes de l’ensemble Ictus — Tom De Cock et Gerrit Nulens. Aussi bien la musique que les mouvements répondent à une composition assez libre. À la façon du jazz : les interprètes composent en temps réel à partir de séquences écrites en amont. De son ancien titre provisoire, « From Within », Les Vagues garde cette dynamique d’immanence. Le mouvement part des danseurs et musiciens, se propage entre eux, puis aux publics. Sur une scène dépouillée, les interprètes forment une composition aux allures de dialogue. Alternant mouvements complets et saccades. Avec, parfois, une succession de courtes phrases suspendues. Inhibition de l’action, mouvement qui commence selon une dynamique pour s’achever dans une autre… Les automatismes sont autant scrutés que déjoués.

Une exploration par la danse des liens entre geste, perception et mémoire

La partition sonore, composée par Noé Soulier, Tom De Cock et Gerrit Nulens, fonctionne aussi sur le même registre. Comme une passation s’écrivant en temps réel, parfois sous forme de polyphonie, parfois sous forme de contrepoint. Jouant sur les attentes, avec Les Vagues, Noé Soulier place les spectateurs dans une situation d’anticipation. Certains gestes sont consommés, d’autres non. Inscrivant Les Vagues dans la continuité directe de deux de ses précédentes créations, Mouvement sur mouvement (2013) et Removing (2015), il poursuit son exploration des liens entre geste, perception et mémoire. Avec Mouvement sur mouvement, il s’agissait de gestes servant à expliquer d’autres gestes (à l’écart du langage verbal). Avec Removing, il était question d’extraire les mouvements utilitaires (tournés vers l’accomplissement d’une action) de leur contexte pour mieux les faire re-découvrir aux publics. La pièce Les Vagues, pour sa part, s’attache aux liens entre gestes et mémoires corporelles (hors langage verbal).

Une pièce notamment coproduite par Chaillot – Théâtre National de la Danse et le Festival d’Automne 2018.

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