ART | EXPO

Tanguy et la biscuiterie

10 Mar - 25 Avr 2010
Vernissage le 10 Mar 2010

Pas de demi-mesure possible : on adore ou on déteste Cédric Tanguy. Cet artiste mêle les pistes, les références historiques, sa propre histoire, les iconographies, les anachronismes.

Cédric Tanguy
Tanguy et la biscuiterie

Avec Cédric Tanguy on traverse le temps, on passe du XVIIIe au XXIe avec ou sans temps d’arrêt. Notre esprit fait des bonds, sorte de va-et-vient intrigant, singulier,
plein d’humour, cynique aussi parfois.

Il se crée une mythologie bien personnelle et nous invite à la découvrir. Au lieu unique, il a souhaité s’attacher au contexte dans lequel il est invité : une ancienne
biscuiterie. Il va donc pouvoir y déployer son univers, mixé dans les 1200 m2 de ce qui fut autrefois dévolu à la fabrication et à la cuisson de la pâte réservée à la fameuse Paille d’Or.

Alchimiste au quotidien, baroqueux nourri au sein de l’art classique et alternatif, Cédric Tanguy commence par se transformer avant de transformer le monde qu’il pille, tel un pirate. Fashion-victims, proies de la télé-réalité, groupies hystériques, surfeurs « sculpturaux », rock stars, grands manitous, vampires, il faut de tout pour faire Tanguyville.

Narcisse au pays de l’eau trouble, il passe avec la même jubilation de la vidéo à la photo, de la performance à l’installation, n’ayant de cesse de pilonner l’identité et d’équarrir l’anatomie de son époque. Parallèlement il réanime la machine à remonter le temps.

Son péché mignon: confronter l’oeuvre d’art historique, sa durée classique, avec le temps informatique compressé. Les grands maîtres d’hier tel son peintre fétiche Caspar Friedrich peuvent être aujourd’hui remixés en un clic.

Cédric ne s’en prive pas en s’accaparant, comme le fit Warhol, les icônes populaires. Mais lui les détrône en les coupant de leurs racines, les égare dans le labyrinthique lupanar du 3D. « A-t’on pris la mesure de l’outil? » semble-t-il nous avertir au travers de cet univers où les skateurs glissent dans le faste kitsch d’un palais viennois et où des tongues « dernier cri » traînent sur le parquet de la chambre des époux Arnolfini de Van Eyck. Lyrisme et pathétique font bon ménage, au feu de l’art pompier! Ce sont bien des idoles que l’on brûle au musée.

Cédric Tanguy coupe, taille, copie, crée et déplace les images. Il joue les couturiers numériques, n’hésitant pas à se mettre en scène dans ses autoportraits. Une manie qui remonte à l’enfance. Fasciné par les légendes, le cerbère, la louve de Rome, l’imagerie occulte, les armoiries, corbeaux et chauve-souris, il dessine, assemble. Puis, il se passionne pour le XIXe, le romantisme, les orientalistes, les préraphaélites, le surréalisme aussi, en même temps qu’il découvre à la télé « Serge Lama entouré de danseuses en plumes d’autruches ». De ce furieux bric à brac, Cédric Tanguy tirera plus tard le suc de son langage, son obsession pour le baroque et la transgression.

AUTRES EVENEMENTS ART