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Wonderful Town

27 Nov - 23 Jan 2010
Vernissage le 26 Nov 2009

Dans «Wonderful Town», les rêves de chacun envahissent la ville qui n’est plus une utopie, mais une drôle de réalité, symbolisée par des grues et des engins de chantier, des usines, des immeubles cubiques, des morceaux de voiture et amas de détritus; chacun doit s’y inventer son monde où tout devient possible.

Pierre et Gilles
Wonderful Town

«Wonderful Town», le nouvel univers de Pierre et Gilles
Pour la première fois depuis 1998, année de leur première exposition à la galerie, où ils ont depuis présenté leurs nouvelles créations à quatre reprises, Pierre et Gilles dévoileront du 27 novembre au 23 janvier prochains leurs dernières oeuvres, cette fois toutes réalisées entre 2007 et 2009 au sein d’une seule et même série: «Wonderful Town».

««Wonderful Town», c’est une ville comme il y en a partout dans le monde… C’est une ville moderne sans passé, une ville industrielle.» L’idée de «Wonderful Town» est née au retour d’un voyage au Japon, pays que Pierre et Gilles connaissent bien pour y avoir séjourné plusieurs fois depuis vingt ans, où les villes sont inhumaines et où les populations urbaines éprouvent par conséquent la nécessité de s’inventer des rêves, des fantasmes, des folies pour échapper à une réalité trop dure. Dans «Wonderful Town», les rêves de chacun envahissent la ville qui n’est plus une utopie, mais une drôle de réalité, symbolisée par des grues et des engins de chantier, des usines, des immeubles cubiques, des morceaux de voiture et amas de détritus; chacun doit s’y inventer son monde où tout devient possible.

««Wonderful Town», chacun l’imagine comme il veut. C’est un peu comme dans un film : un monde imaginaire où plein de choses se passent, joyeuses ou tristes, où les fantasmes s’expriment, qu’ils soient oniriques, tendres ou violents. On retrouve tout notre univers dans ces oeuvres qui peuvent être vues comme des apparitions : les portraits religieux, de marins, de personnages urbains, de soldats, de femmes…»

La création de Pierre et Gilles trouve avant tout sa source dans l’Histoire de l’art, en particulier de la peinture, dans l’imagerie populaire ou dans l’univers du cinéma, parfois aussi dans le monde de la musique et des spectacles. Incontestablement dans cette série, le cinéma est leur principale source d’inspiration, non pas tant par les films eux-mêmes bien que certains titres soient très évocateurs (Les Temps Modernes, 2008), mais par son statut d’ «usine à rêves», où tous les rêves heureux, drôles et même les cauchemars, peuvent s’exprimer en toute liberté.

A l’instar du cinéma, «Wonderful Town» est une série au sein de laquelle les artistes se sont sentis très libres, puisque c’est une série dont le thème n’impose aucune contrainte, qui permet d’aborder tous les personnages, tel un gigantesque décor qui offre une liberté maximale de composition.
Quelques-uns des personnages de cet univers exclusif de Wonderful Town dans lequel Pierre et Gilles ont créé la quasi-totalité de leurs oeuvres depuis 3 ans nous ont déjà été dévoilés dans le cadre de grandes expositions muséales ou institutionnelles, nous donnant un premier aperçu des multiples facettes de cet univers.

Les marins de Full Moon (2007) et Bare Capture (2008) comme le nouvel autoportrait des artistes en Toys (2007) ont fait leur apparition parmi d’autres dans le cadre de l’exposition personnelle consacrée à Pierre et Gilles au sein de la nouvelle biennale Prospect 1 New Orleans à l’initiative de son directeur Dan Cameron. Les oeuvres Toutes les femmes ont un secret et De l’autre côté de l’amour (2008), avec Sylvie Vartan pour modèle, ont été créées à l’occasion de la rétrospective Pierre et Gilles au Musée de Sofia en Bulgarie en mai – juin 2008, tandis que Bloody Amélie (2008) mit Amélie Nothomb en scène en couverture de son dernier roman paru en septembre 2008, Le Fait du prince.

La Vierge à l’enfant (2009), l’un des sujets religieux de cette série qui en compte plusieurs, fut elle imaginée pour être exposée dans la chapelle du baptistère de l’Eglise Saint-Eustache à Paris dans le cadre de La Force de l’Art 02 en avril – mai derniers, au sein d’une installation conçue par les artistes, où tubes d’échafaudage métalliques et instruments de signalisation routière venaient prolonger et magnifier le décor de l’oeuvre.

Aux côtés des visions sombres comme Saint-Sébastien de la guerre (2009) ou Le Garçon au lance-pierre (2009) perdu dans cet univers industriel, émerge le merveilleux, le fantastique… «Comme la vierge qui apparaît toujours dans des endroits pauvres, les plus beaux rêves naissent dans les endroits les plus sombres, là où il y a difficulté et souffrance ; le merveilleux jaillit toujours là où on ne s’y attend pas.» C’est Un Monde merveilleux (2008) avec un personnage fantasmagorique figuré par M – Mathieu Chedid trônant sur un amas de vieux jouets; ce sont aussi Le Petit Footballeur (2009) ou Muscle Lady (2008), dont les personnages rieurs paraissent poser dans des vitrines, ou Le chant des cygnes (2008) dont le modèle vit une bien ironique agonie…

Plus que jamais, cette nouvelle série «Wonderful Town», dont le titre tel que conçu par les artistes forme un oxymore, reflète tout le paradoxe inhérent à l’oeuvre de Pierre et Gilles, qui mêle tout à la fois vision contemporaine et composition classique, représentation fidèle et respectueuse ou impertinente et humoristique, féérie et ténèbres, et qui considère toujours de manière égale modèles célèbres ou anonymes… La portée universelle du message que les artistes délivrent au travers de leur création prend un caractère plus fort encore dans ce groupe d’oeuvres.

L’univers très complet de «Wonderful Town» nous permet aussi de mesurer l’évolution de la technique spécifique de Pierre et Gilles, qui peuvent aujourd’hui réaliser leurs photographies peintes directement sur toile grâce aux nouvelles technologies de l’image, et réaliser des scènes de plus en plus complexes grâce à leur talent parfaitement maîtrisé pour transformer de simples accessoires et artifices en décors très imagés… Même si leurs oeuvres s’inscrivent dans la droite ligne de l’Histoire de l’art du portrait, suivant les règles classiques de mise en valeur du sujet représenté, elles s’apparentent plus aujourd’hui à de véritables tableaux, c’est-à-dire à des compositions picturales complexes qui ont une évidente valeur narrative, bien au-delà de la seule représentation figurative.

Vernissage
Jeudi 26 Novembre. 18h-21h.

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