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What do pictures want?

06 Fév - 28 Mar 2015
Vernissage le 05 Fév 2015

La réflexion de Gabor Osz tourne autour de la capacité de l’image à décrire fidèlement l’univers. Dans chacune de ses expériences, il met la photographie à l’épreuve du réel. Les grands axes de sa recherche sont définis par les facteurs temps et espace, avec un questionnement tout particulier sur la relation entre l’image fixe et l’univers en mouvement.

Gabor Osz
What do pictures want?

Pour quoi et de quoi est faite une image? Cette double interrogation n’est pas moins importante que celle qui revient le plus souvent: qu’est-ce qu’une image? Dans son enquête méticuleuse menée depuis des années, Gabor Osz soulève toutes ces questions en leur accordant une égale attention. Ici, il regroupe plusieurs situations liées par leur composante sensorielle commune afin de mieux étudier les propriétés de l’image.

Ses expériences se partagent en trois grandes catégories. La première méthode se fonde sur le phénomène physique des ondes lumineuses et sur sa perception pour un examen de l’image créée par la lumière. A la dimension sensorielle s’ajoute alors une interprétation théorique, ouvrant la voie à une analyse à mi-chemin entre ontologie et phénoménologie.

La deuxième catégorie se concentre sur l’aspect sensoriel. Gabor Osz dissèque le mécanisme visuel pour y découvrir l’objet essentiel de sa recherche, qu’il soumet à diverses opérations expérimentales visant à affiner sans cesse sa compréhension de l’image. Il isole les éléments constitutifs de la photographie, depuis la lumière jusqu’au pigment de surface, en passant par l’espace environnant et la position de l’appareil (et inversement).

Dans la troisième catégorie d’expérience, Gabor Osz se demande avant tout quelle portion du réel la photographie est capable d’enregistrer, dans quelle mesure l’image obtenue peut véhiculer un récit, quel est son pouvoir de retracer, de camoufler ou de réécrire un épisode historique donné. Il travaille aussi bien dans des pièces désertes totalement neutres que dans un blockhaus du Mur de l’Atlantique ou sur le site de l’ancien bureau de Hitler, transformant les lieux chargés d’histoire en espaces vierges au service de son analyse de l’image.

L’image est au cœur de toutes ces expériences. La réflexion de Gabor Osz tourne toujours autour de la capacité de l’image à décrire fidèlement l’univers. Les photographies extrêmement soignées qu’il aligne en séries soulèvent aussi la question de la représentation visuelle.

Dans chacune de ses expériences, il met la photographie à l’épreuve du réel. Les grands axes de sa recherche sont définis par les facteurs temps, espace et mouvement. Quelle est la relation entre l’image fixe et l’univers en mouvement? Comment la photographie, pratiquement considérée comme une reproduction objective du réel, peut-elle contribuer à la force d’illusion du cinéma?

Les photographies de Gabor Osz ne sont pas extraites d’une séquence filmée. Rien ne les précède et elles ne s’insèrent dans aucune continuité narrative, mais c’est un point de vue de cinéaste qui les détermine. Alors que, dans un film, le mouvement varie en fonction de la position du regardeur (l’œil fictif) et du regardé (le phénomène reconstitué dans la photographie), les photographies de Gabor Osz exploitent quasi invariablement l’ambiguïté spatiale du dispositif photographique élémentaire, juxtaposant un espace clos et un espace découvert: d’un côté l’intérieur de la chambre noire et, de l’autre, son environnement. En les montrant tous les deux à la fois, il juxtapose des mises en perspective, en jouant sur la dualité de l’absence et de la présence, où intervient bien souvent le mouvement (virtuel) de l’inversion positif-négatif.

Le paramètre le plus fondamental dans l’espace instauré par l’appareil photo, autrement dit par l’œil, c’est le facteur temps. C’est lui qui détermine toutes les expériences de Gabor Osz, depuis le temps de pose jusqu’au temps historique où s’insère l’artiste. Le temps s’inscrit dans les multiples strates des photographies. Il se déploie au sein de la galerie, dans le mouvement réel engendré par l’exposition, et devient totalement manifeste sous les yeux des visiteurs.

L’attention du spectateur délimite un champ conceptuel et sensoriel où les œuvres de Gabor Osz confirment ou démentent la possibilité de la perception visuelle.

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