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Walter Swennen: Peintures et dessins

01 Sep - 24 Sep 2011
Vernissage le 01 Sep 2011

Le chapeau d’un article de Maïten Bouisset: «comme si la bande dessinée rencontrait de Kooning» résume assez bien l’étendue de l'iconothèque et du style de Walter Swennen: sorte de courts-circuits entre la culture populaire et la grande peinture.

Walter Swennen
Walter Swennen: Peintures et dessins

Le ton iconoclaste du peintre Walter Swennen, à l’humour déroutant, permet sans doute de le rapprocher de l’esprit de Marcel Broodthaers, son ami de jeunesse; son trait figuratif immergé dans une matière picturale que l’on pourrait qualifier d’abstraite n’est pas sans rappeler la gestuelle et les contenus de l’allemand Kippenberger. D’autres ont pu évoquer Ryman ou de Kooning aussi bien qu’Ensor…

Fréquemment la peinture est modeste, de petit format, sur châssis, sur n’importe quel support que l’artiste saisit: couvercle de gazinière ou de machine à laver, bout de bois, etc. Ces objets trouvés, mais toujours rencontrés, agissent comme démultiplicateurs de sens tandis que le motif est employé telle une note mélodique.

Il y a toujours une amorce pour Swennen: un objet, une anecdote, un mot ou un support. Sur la toile, peinture et dessin se rejoignent tandis que des objets ou des mots peuvent provoquer des collisions; la technique s’improvise alors, librement créée pour l’occasion par ce bidouilleur expérimenté, apaisant ainsi les intempérances.

De fait, Swennen peint comme il peut écrire, par association de désirs et d’images. Il n’y a pas de construction préalable, ni de début et de fin, mais plutôt une sorte de mise en jeu picturale juxtaposant iconographie, poésie, dessin et couleur et dont la résultante serait la composition.

Sa peinture n’est pas hermétique pour autant car l’ensemble des éléments qui la constituent sont reconnaissables et appréhendables que ce soit en termes iconographiques ou à travers la matière picturale présente et qualitative: délicate dans son application et dont les couches se soulignent les unes les autres d’une manière classique, bien que, les jus ou les mixtures de couleurs peuvent être un tantinet libertins et le rendu parfois volontairement sali.

«Travail de sape insidieux où l’on a du mal à départager la part de l’ironie de celle du sérieux. Le regardeur n’a alors pas d’autre choix que de prendre en compte les données visibles et lisibles du tableau, en ne perdant jamais de vue qu’il y a là un système dualiste où l’envers et l’endroit jouent à cache — cache, comme le dessus et le dessous — ce fameux rapport du fond et de la forme – se télescopent de façon permanente.» (Maïten Boussiet)

Cet état d’esprit s’insinue de façon encore plus provocatrice dans ses mots, on pourrait dire ses langages car Swennen use du flamand, du français, de l’allemand et de l’anglais. Incontournables, ils accompagnent les dessins innombrables issus d’une pratique quotidienne. L’écriture passe du poème à la bribe, à la citation et jusqu’à des énumérations voire à des mémos d’idées. Symptomatiquement, l’homme a publié plus d’ouvrages de ses écrits et de ses dessins que de ces peintures. Le verbe de Swennen, dont les apports viennent de «soi-disant nulle part» s’invite également dans sa peinture, immergé dans les glacis, retourné et détourné jusqu’à faire partie intégrante de la composition.

L’univers de Walter Swennen est un laboratoire poétique total à l’instar de la foisonnante inspiration créatrice de Kurt Schwitters qui a nourri le Merzbau; une sorte de vocabulaire jazzy qui passe avec excellence du blues au free et grâce auquel l’amateur avisé saura ressentir une véritable jouissance où la mélancolie rivalise avec l’humour.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Aleksandra Smilek sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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