ART | EXPO

Vraiment?

28 Avr - 28 Avr 2007

Entre apparition et disparition, dévoilement de l’image et dévoiement de son immédiateté sémantique, Stefan Brüggemann, François-Xavier Courrèges, Prvtdncr investissent, par des voies diverses, l’écrit pour fabriquer un langage visuel.

Stefan Brüggemann, François-Xavier Courrèges, Prvtdncr
Vraiment?

Vraiment?
Entre apparition et disparition, dévoilement de l’image et dévoiement de son immédiateté sémantique… les trois artistes invités dans l’exposition «Vraiment?» investissent, par des voies diverses, l’écrit pour fabriquer un langage visuel.
Surtout, ils s’en amusent, l’utilisant chacun comme un outil formel révélant une autre nature que ce qu’il laisse entrevoir lors d’une approche – d’une lecture – immédiate.

Par jeu, pudeur, provocation, ironie ou goût pour le malentendu, ils triturent le texte et le maltraitent, tout en questionnant par-delà la potentielle véracité du message délivré au regard, montrant en outre des choses qui ne sont pas toujours ce qu’elles prétendent être.

Ainsi Stefan Brüggemann, artiste mexicain qui expose pour la première fois en France, fonde-t-il l’essentiel de son travail sur la question de l’incompréhension. En communiquant sur les «Misunderstandings», comme le laisse voir son néon mural ou le mot est écrit à l’envers, l’artiste ouvre une brèche dans le processus de lecture et d’appropriation du sens, et aménage un lieu de discussion dans l’interstice ainsi créé.

Autre oeuvre lumineuse, Words that become Pictures, Pictures that become Words participe de cette confusion des choses et des genres induite par l’écriture. La phrase initie en creux une sorte de négation paradoxale contenue dans deux affirmations, dont on ne sait finalement si elles sont complémentaires, antinomiques ou bien se neutralisent.

Dans ses photos de vaguelettes en néons, motif purement ornemental découvert dans un lieu public, François-Xavier Courrèges génère comme des fragments d’une écriture automatique, voire compulsive. Si les mots n’existent pas, c’est ce qui paradoxalement les fait apparaître à l’esprit et affirme l’impact visuel du texte.

De même dans ses dessins au stylo de couleur réalisés sur de traditionnelles feuilles de papier A4, qui tous confinent à l’écriture «instinctive» ou au «gribouillage», c’est presque une correspondance intime que pudiquement l’artiste a effacée en refusant de la livrer. Révélant presque la forme écrite à travers sa disparition, ils laissent chacun seul face à la question du sens.

Artiste anonyme dont on ne connaît pratiquement rien, n’était-ce un «nom de scène» qui comme pour tous les tagueurs permet de le désigner sans l’identifier, Prvtdncr (pour « Private Dancer ») inscrit son travail dans le contexte urbain de Los Angeles. Ses photographies sont des témoignages d’actions où des murs et des canapés (nombreux dans le ghetto) sont tagués à la bombe par l’artiste. Immédiatement barrés avec une autre couleur, ces slogans qui lui permettent de «s’approprier» le paysage constituent autant d’affirmations et de négations à la fois ironiques, vigoureuses et provocatrices, comme ce Sorry about your face écrit en face d’un salon de coiffure à la mode.

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