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Ville perdue

28 Mai - 25 Juin 2005
Vernissage le 28 Mai 2005

Ses photos recensent les monstruosités architecturales en les révélant en tant que phénomènes. D’un simple constat de modes d’habitats, de transports, d’urbanisme, l’artiste dévie. Il retouche patiemment pour créer des scénarios où l’architecture aurait une influence sur la vie. Et il transforme les murs de la galerie en maquette disproportionnée.

Depuis deux ans Simon Boudvin fait de la photo d’architecture. Loin de l’austérité répétitive des Becher ou de la somptuosité proliférante de Gursky, ces photos apparaissent comme autant de tirages d’un gris bleu étudié et clair, recensant autant de phénomènes architecturaux. Série coréenne, française, américaine voient s’enchaîner pavillons, skyscrapers, avions bars, pylônes, champs, maisons de bois de suburbs américains et ponts construits.

Des situations oscillant entre la monstruosité architecturale et la simple constatation de modes d’habitats, de transports, d’urbanisme, d’agriculture propre à un usage largement répandu. On pourrait penser à une énumération de monstres. Des monstres modernes tels les silos à grains et les bâtiments industriels qui fascinaient Le Corbusier. Ou des monstres post modernes (dans la droite ligne de Learning from Las Vegas), où toute construction est recensée selon son degré d’efficacité économique générale, si possible avec « bon goût ». En clair, un casino a intérêt d’être baroque, faussement post pyramides, et un fast-food d’avoir une grosse façade bariolée sur rue. Une maison, un toit à double pente.

La beauté d’une distribution technique parfaite (et apparente) d’eau et d’électricité passe au second plan. Rassurés, nous imaginons SB comme un chantre d’une SF à l’envers, notant toutes les bizarreries qui sont déjà parmi nous, et pour de bonnes raisons.

Mais Simon Boudvin triche. Toutes ses photos sont patiemment retouchées, et proposent des inventions. Des pavillons de province empilés (Semi-collectif), un échangeur routier tournant sur lui-même (Ttuksom resort), un immeuble haussmannien de 15 étages (Haussmann) ou une agglomération de châteaux d’eau dépareillés dans un paysage sub-urbain. Des images parfaitement ajustées jusqu’à paraître réelles, mais aussi des cas d’école, des lieux communs critiques : nous savons tous que conserver des immeubles haussmanniens de 6 étages aujourd’hui est une aberration et que les pavillons sont le degré 0 d’une pensée d’habitat collectif.

Nous avons choisi la série française pour la galerie. Simon Boudvin, dans la construction de ses images, propose autant de scénarios, acceptant que l’architecture influe sur la vie de tous. La mélancolie d’une modernité banale, un road movie aux accents de breaks CX. Des nouveautés vites reléguées au rang de pensum.

En parallèle, Simon Boudvin perce les murs de la galerie et y incruste de petites fenêtres au standard mondial, à guillotine, format A5. Il transforme ainsi les murs de la galerie en maquette disproportionnée, entre le modèle réduit et la « grande » installation : Faces. Toutes ces fenêtres forment un all over, une gestion systématique de la surface, en relation avec les paysages logiques créés par l’architecture urbaine.

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