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Verna

21 Mar - 31 Mai 2013
Vernissage le 22 Mar 2013

C’est en périphérie d’espaces aménagés par l’homme que le photographe Guillaume Greff élabore ses paysages de transition où l’organique se mêle à la géométrie, où l’intemporel côtoie l’accidentel. Ses recherches paysagères montrent des lieux-limites où les traces du développement urbain se frottent à une nature toujours présente.

Guillaume Greff
Verna

«Tout dénuder, tout rendre visible. Voir ce qui est là puis se tenir prêt à le voir disparaître.» Don Delillo, Point Omega, 2010

L’écotone est ici la zone d’une confrontation où l’homme semble avoir déjà déserté… Pour Guillaume Greff, la photographie ne se réduit ni à un objet esthétique ni à un document. Ses compositions soignées montrent le désir d’ordonner l’apparent désordre du monde afin de pouvoir s’y inscrire en tant qu’individu.

Elles opèrent comme autant d’actes de foi d’une personne essayant de regarder le monde dans lequel il évolue sans condescendance ni misérabilisme. Regard frontal et empathique qui est paradoxalement marqué par la volonté de prendre la distance que pourrait avoir un archéologue venu d’un autre temps, d’une autre civilisation.

Pour le projet Verna, Guillaume Greff présentera en parallèle à ses recherches paysagères son dernier projet réalisé dans la ville artificielle de Jeoffrecourt, créée pour l’entraînement militaire -sorte de maquette grandeur nature du théâtre d’opérations armées- cité idéale, mais du point de vue de la police ou de l’armée. Une partie des photographies présentées dans ce projet a été récompensée par l’aide à la création photographique documentaire contemporaine du Centre National des Arts Plastiques en 2012.

«Le décor induit, avec son extraordinaire pauvreté, et avec l’annulation en lui de tout style et de tout accent, ressemble parfois à s’y méprendre à certains fragments péri-urbains. Nous regardons fascinés, y découvrant l’espace d’une vie qui longe la nôtre. Le décor est planté et si de l’action qui va s’y jouer les photos ne disent rien, c’est parce que le photographe est resté sur le seuil -mais c’est là justement qu’il fallait se tenir, sans dire mot, dans la stupeur d’une effraction.» Jean-Christophe Bailly, 2012

«Le regard de Guillaume Greff est un de ceux qui se défient des modes surexploités de la vision objectiviste caricaturale que se borne à pratiquer, sans semble t-il la questionner, tout un pan de l’actuelle photographie « de photoblog » dont Alec Soth semble être l’une des figures tutélaires.

A ce modèle doxique, Guillaume Greff rétorque une vision latérale et subjective ne refusant ni la sidération devant la beauté -on songe ici aux meilleures images de Timothy O’Sullivan- ni la possibilité d’une posture critique qui vient sourdre tels les drones perturbateurs des milliers de touristes, routiers, hors-champs car hors-saison.

Autant d’ondes sismiques signifiées par les microsillons, fissures et ratures dans la continuité descriptive d’images subtilement composées qu’un œil distrait éluderait ou étoufferait dans leur possibilité de signification en les ramenant à leur état d’index. Car c’est dans ces détails infimes que se joue la poétique critique d’une vision d’une grande sensibilité autant chromatique que compositionnelle actualisant les postures prototypes de Lewis Baltz et Gabriele Basilico.» Oliver Clément, novembre 2008

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