PHOTO | CRITIQUE

Valérie Jouve

PKlaus Speidel
@12 Jan 2008

Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Xippas, Valérie Jouve présente un film et des séries de photographies par lesquelles elle poursuit ses explorations des urbaines.

Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Xippas, Valérie Jouve présente son nouveau film Time Is Working Around Rotterdam. Le film a été réalisé à partir d’une commande de la Fondation HSL, financée par la société des Trains à grande vitesse hollandais.

L’objet de départ était les transformations induites par le passage du TGV sur le territoire hollandais. En fait, le film semble être comme l’actualisation et la transposition d’un film réalisé par Walter Ruttmann en 1927: Berlin, symphonie d’une grande ville qui s’ouvre sur l’entrée d’un train en ville.

Le film de Valérie Jouve se présente lui aussi comme une symphonie. La musique est essentielle dans les deux films. Celle du film de Ruttmann a été confiée à un orchestre, tandis que l’oeuvre de Valérie Jouve avance aux rythmes électro qui s’accélèrent. La présence des trains dans Time Is Working Around Rotterdam finit par être très indirecte, l’expression reposant plus sur le mouvement horizontal de la caméra que sur les images de trains.

Si, par son mouvement horizontal, la caméra suggère la vitesse des trains, elle se libère de l’horizontalité pour se retrouver au milieu de la foule des grandes villes, monter sur des ponts, et prendre son envol pour atteindre une vue d’oiseau.

On retrouve dans le film certaines des strates du visible qui sont présentes dans les séries de photographies «Façades» et «Les Arbres» qui figurent également à l’exposition.

Dans une photographie (Untitled), par exemple, un arbre énorme au premier plan est confronté, au deuxième plan, au bois coupé d’une maison de bois en construction. Les photos de la série «Façades» ne montrent jamais de façades seules, chacune des façades laisse toujours entrapercevoir quelque chose qui se passe au second plan.
Il en est ainsi chez Valérie Jouve comme chez ces peintres flamands du XVe siècle dans lesquels Saint-Jérôme ou Jésus n’apparaissent souvent que comme des détails, au deuxième plan des paysages.

Signe de notre époque désacralisée, nous n’avons plus affaire chez Valérie Jouve qu’à un bureau lumineux ou à un passant dans la rue — l’importante série des «Passants», qui montre des personnes marchant devant des murs recouverts de graffitis, crée des résonances visuelles parfois surprenantes. Mais autant que les éléments sacrés des tableaux flamands, ce sont des événements dans les images.

— Série «Les Figures» avec Aurelia Negrea, 2006. C-Print. 170 x 135 cm.
— Série «Les Arbres», 2006. C-Print. 150 x 121 cm.
— Série «Les Façades», 2006. C-Print. 100 x 130 cm.
— Série «Les Passants», 2006. C-Print. 100 x 77,5 cm.
— Time is Working Around Rotterdam, 2006. Vidéo sur digibeta ou beta SP. 25 mn.

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