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Valérie Belin: les images intranquilles

Sérialité, frontalité du point de vue et formats imposants sont les caractéristiques des photographies de Valérie Belin. Le corps y joue un rôle central qu’il soit présent ou invisible. A travers ses œuvres, elle interroge les notions d’identité et de ressemblance, la frontière entre le vivant et l’inanimé, entre l’original et l’imitation.

Information

Présentation
Valérie Belin
Les images intranquilles

Le Centre Pompidou consacre, pour la première fois, une exposition à l’oeuvre de Valérie Belin. Constituée d’une trentaine d’œuvres, elle est organisée autour de la toute dernière série de Valérie Belin, intitulée Super Models. Cette nouvelle proposition renoue avec la thématique du mannequin qui est au cœur du travail de l’artiste, en lien avec des oeuvres antérieures provenant de collections publiques ou privées.

Par le traitement de la lumière, des contrastes, les proportions des tirages et autres paramètres savamment orchestrés, Valérie Belin joue de l’incertitude. Devant ses images, il est souvent difficile de dire si ce que l’on regarde est doué de vie ou inanimé, réel ou virtuel, naturel ou artificiel. Des détails subtils qui interrompent la continuité quotidienne, ramenant au concept d’inquiétante étrangeté de Sigmund Freud qui la définissait justement comme «Le fait de douter qu’une créature apparemment vivante soit animée, et à l’inverse l’idée qu’une créature sans vie pourrait bien être animée, en se référant à l’impression produite par les mannequins de cire, les poupées ou les automates réalisés avec art» (Sigmund Freud, «L’Inquiétante étrangeté, 1919).

C’est cela précisément qui confère aux œuvres de Valérie Belin une singulière puissance et le choix des œuvres ici réunies, Michael Jackson, Black Women I, Lido, Meats, Engines…, illustre cet aspect spécifique de son travail.

Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition «Valérie Belin: les images intranquilles» présentées au Centre Pompidou à Paris, du 24 juin au 14 septembre 2015.

«Reste que les liens avec la photographie et, plus largement, l’imaginaire surréalistes apparaissent particulièrement frappant dans les dernières images de Valérie Belin. Cette connexion était déjà sensible dans ses travaux antérieurs, à travers le thème récurrent du mannequin, figure dont André Breton fit l’emblème du «merveilleux moderne». Mais elle semble avoir été accentuée par les manipulations auxquelles s’adonne désormais l’artiste. L’onirisme puissant qui s’en dégage paraît de la sorte répondre à l’objectif surréaliste d’une «résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité.

Aussi n’est-on pas étonné d’apprendre que les Super Models trouvent leur genèse dans une séquence du film Dreams That Money Can Buy (Rêve à vendre, 1947), une entreprise surréaliste collective orchestrée oar Hans Richter. En appui à tout ceci, on relèvera que la notion freudienne d’“inquiétante étrangeté” constitue pour la photographe comme pour les surréalistes un modèle décisif. Chez Valérie Belin, l’ “Unheimliche”, à la fois étrange et familier, se traduit ainsi par une conception de la photographie tel un miroir dans lequel on ne se reconnaîtrait pas.» (Larysa Dryansky)

Sommaire
— Textes
Ce qui inquiète, Clément Chéroux
Ultramoderne. Les méta-clichés de Valérie Belin, par Larisa Dryansky
L’inquiétante familiarité. Entretien avec Roxana Marcoci
— Œuvres
— Annexes
— Catalogue
— Liste des œuvres
— Biographie
— Expositions
— Bibliographie
— Collections
— Version anglaise