ART | CRITIQUE

Un accrochage

PSylvie Rousselle-Tellier
@12 Jan 2008

Un accrochage des artistes de la galeries dont les œuvres, au-delà de leurs différences, se révèlent unies par un principe de coexistence des contraires, par des jeux subtils d’attirance et de répulsion qui les traversent.

Dans cet accrochage collectif, les œuvres très diverses sont sans doute unies par un principe qui pourrait être la coexistence des contraires, avec les jeux subtils d’attirance et de répulsion qui les traversent.

Wim Delvoye allie des éléments opposés ou hétérogènes. David Just Popped out for a Moment. Back 10 minutes (David vient juste de sortir pour un moment. De retour dans 10 minutes, 1995) délivre un de ces messages anodins qui figurent habituellement sur les post-it, mais qui est ici gravé au flan d’une colline. Dans Blow (Fellation) et Pipe n°2, la photographie aux rayons X, ordinairement employée en médecine, est utilisée à des fins érotiques. Par ailleurs, Delvoye combine des pelles et des planches à repasser — des objets qu’il appelle « prolétaires » — avec des armoiries (aristocratiques). Il fabrique également un but de football en porcelaine ou en vitrail, une bétonneuse en bois sculpté à la manière d’un retable baroque, ou une pelleteuse Caterpillar à la manière du gothique flamboyant. Les matériaux, les styles et les objets sont volontairement incohérents, voire antinomiques, de façon à créer des décalages et des tensions expressifs.

Dans Shoot the Messenger (Flinguer le messager, 1998-1999) de Carroll Dunham, il est question d’attirance et de répulsion sexuelles. Un homme et une femme, figurés à la manière des bandes dessinées, s’affrontent dans une scène violente : l’homme tient la femme en joue avec un revolver, tandis que son phallus proéminent sur sa tête semble être appelé par un orifice placé dans le dos de la femme.

Untitled (2001) d’Andy Collins est une toile abstraite composée de couleurs pastels. Les passages en douceur entre les teintes (rose, sable et avocat) se combinent avec une séparation brutale due à l’utilisation de peintures mates et brillantes.

L’autoportrait de Tony Oursler, Acid Circuit (2001) est brisé. Visage multiple et fragmenté, mobile et sonore, projeté sur des circuits imprimés disjoints. Oursler a longtemps projeté des visages-vidéo sur des poupées de tissu criant, grondant, se cachant sous des meubles, etc. Malaise psychique ou physique qui se retrouve de manière plus crue dans l’installation Boy and Girl (Garçon et fille, 1990) de Paul McCarthy composée des corps amputés ou atrophiés d’un garçon et d’une fille.

Le dessin Untitled # 1784 (1986) de Roni Horn est une vision double d’un même objet. Ses installations–sculptures et ses dessins sont souvent traversés par la problématique du double, de la paire, de la duplication. La série Pair object se compose ainsi de cônes jumeaux tronqués en cuivre massif placés très près les uns des autres, comme des couples, ou séparés par les contraintes architecturales du lieu. Par un jeu de subtiles différences, par le doute qui en découle, la duplication interroge la notion d’identité.

Roni Horn
— Untitled # 1784, 1986. Colored pigment & varnish on paper. 34*41 cm.

Wim Delvoye
— Pipe n°2, 2000. C-print. 100*125 cm.
— Blow 2, 2001. Photographie rayon X. 100*125 cm.
— Blow 1, 2001. Photographie rayon X. 100*125 cm.
— David Just Popped Out for a Moment. Back 10 minutes, 1995. Encre sur toile. 292*193 cm.

Paul Mc Carthy
— Boy and Girl, 1990.

Jorge Pardo
— Untitled, 2001. 6 lampes en plastique. Dimension variable.

Franz West
— Sitzwust, 2000. Aluminium lacquered. 420*60*60(H) cm.

Mike Kelley
— Balanced by Mass and Emotional Investment, 2001. Média multiple avec une table en chêne. 123*185.5*133 cm.

Andy Collins
— Untitled, 2001. Huile sur toile. 132*122 cm.

Carroll Dunham
— Shoot the Messenger, 1998-1999. Mixed media on linen. 152.5*193 cm.

Tony Oursler
— Acid Circuit, 2001. C.stand, gobo arm, circuit boards hang wire, DVD player Sony VPL-CS2 projector, performance by Tony Oursler. 106.5*76 cm+équipement.

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