DANSE | SPECTACLE

Torobaka

16 Déc - 05 Jan 2015
Vernissage le 16 Déc 2014

Création 2014, Torobaka organise la rencontre au sommet entre deux superbes danseurs, Akram Khan et Israel Galván. Ils mêlent ici les deux sources chorégraphiques qui les ont chacun inspiré — le kathak indien et la flamenco espagnol — dans un échange puissant, déployant une énergie et une organicité d’une rare intensité.

Israel Galván, Akram Khan
Torobaka

Né à Londres, issu d’une famille bangladaise, Akram Khan a d’abord fourbi son corps, très jeune, aux arcanes du kathak, cette danse originaire du nord de l’Inde. Croisant tradition et innovation, il a ensuite su fusionner la motricité de ses origines et les multiples affluents de la danse contemporaine. Israel Galván, lui, est quasiment né dans le flamenco: «Ma mère dansait dans les lieux de flamenco à Séville jusqu’au septième mois de sa grossesse. J’ai grandi en dansant avec mes parents et j’ai développé un respect presque religieux pour le flamenco.» Mais lui aussi a trouvé la voie pour renouveler avec vigueur le culte de la tradition. Au-delà de cette similitude entre deux parcours distincts, la rencontre entre Akram Khan et Israel Galván pourrait aussi venir sceller une lointaine et mystérieuse parenté entre le kathak et le flamenco. De l’Inde à l’Andalousie, quels berceaux, quels exils, quels corps conducteurs? Bien davantage qu’un duo entre deux danseurs exceptionnels, ce qui attise déjà la curiosité, Torobaka est aussi une formidable aventure de géographies mêlées.

L’alliance entre Akram Khan et Israel Galván, à la forge d’un spectacle commun, scelle d’emblée la promesse d’une rencontre au sommet entre deux artistes de haute intensité. Parfois les sommets se souviennent qu’ils ont des racines. La chose semble évidente avec Israel Galván, et lui-même parle d’un «respect presque religieux» pour le flamenco qui coule dans ses veines sévillanes, quand bien même son «baile» ne ressemble à aucun autre. Akram Khan, pour sa part, s‘est affirmé comme chorégraphe dans le champ de la danse contemporaine. Mais s’il est né à Londres, il est issu d’une famille bangladaise et a d’abord fourbi son corps, très jeune, à l’exigeante rigueur du kathak, cette danse originaire du nord de l’Inde. Encore aujourd’hui, nous indique-t-il: «Le kathak est une source d’inspiration. Cela ne signifie pas que tout ce que je fais, en tant que chorégraphe, soit basé sur le kathak mais, à titre personnel, cela reste mon entraînement quotidien.

Au-delà de leurs personnalités, la rencontre entre Akram Khan et Israel Galván vient mêler des géographies corporelles qu’une lointaine origine réunit peut-être. «La première fois que j’ai vu, en vidéo, un solo d’Akram Khan, j’ai eu l’impressionde voir un ancien bailaor de flamenco; je me suis dit que le flamenco venait de ces racines-là», confie Israel Galván. Plus circonspect, Akram Khan évoque de précédentes tentatives pour fusionner sur scène danse indienne et flamenco, qui ne lui étaient guère apparues très probantes. Et ce fonds commun, s’il a jadis existé, s’est ensuite ramifié de façon très distincte. Pour Israel Galván, il y a chez le danseur de flamenco une agressivité corporelle, une volonté de terrasser le public, ainsi qu’un dépassement de soi («il faut laisser un peu de sa vie, sinon ce n’est pas du flamenco, ça ne se transmet pas», dit-il); quand le kathak, plus «spirituel», selon Akram Khan, tiendrait de l’offrande. Différence de cultures, différence d’intentions, qui n’empêchent pas qu’existent des «similarités» dans le vocabulaire physique où s’expriment kathak et flamenco.» Jean-Marc Adolphe

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