ART | CRITIQUE

Time Flies

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

La galerie gb agency rend hommage à un maître de l’art vidéo et de l’art minimal, Robert Breer, en confrontant à son travail les travaux récents d’artistes divers.

L’exposition présentée avec intelligence à la galerie gb agency rend hommage à l’artiste américain Robert Breer, âgé aujourd’hui de quatre-vingt un ans, et auteur depuis les années cinquante d’un travail sur le thème de l’éphémère et de la contingence, à la fois dans le domaine du cinéma expérimental, et dans celui de la sculpture minimale. Plusieurs de ses œuvres plus ou moins récentes sont exposées et mises en relation avec les travaux d’artistes venant d’horizons fort divers.
Les «sculptures motorisées» de Breer (Tableau, 1965; Tank, 1966; Borne, 1967; Rug, 1968) sont animées d’un mouvement imperceptible qui amène le spectateur à en prolonger la contemplation. Au contraire, les vidéos de l’artiste ne laissent pas de repos à l’œil. Le film Time Flies (1997), dont le titre, qui est aussi celui de l’exposition, résume l’esthétique de l’ensemble des œuvres exposées, est un montage rapide de dessins et de photographies. Le temps est perçu comme un flux, où la contingence des choses et des êtres est palpable. Dans son Hommage à John Cage (1963), Robert Breer fait référence à cette notion de hasard, importante également dans le travail du compositeur.

Cette fragilité de l’instant est le sujet principal du travail des artistes suisses Fischli & Weiss : le film Der Lauf Der Dinge (1987) montre le processus transformatif de l’une de leurs sculptures «en devenir», d’où l’humour n’est pas absent. L’humour, indissociable de l’art minimal, est aussi présent grâce à François Morellet: Carrément (2003) est l’imbrication de deux carrés laqués. Plus poétique est la Grille (2002) de Yann Sérandour, délicat et fragile tissage autour de fines aiguilles d’un motif reprenant la grille imprimée des cahiers d’écoliers.

Autre thème de l’œuvre de Robert Breer, celui des rapports entre espace et temps, exploré par l’artiste hongrois Attila Csörgö. Orange Space (2004) est un photomontage linéaire en spirale, présenté en deux parties: à plat, comme une écorce d’orange pelée, ou enroulé sur une sphère. Le temps, déroulé physiquement, suspend son vol pour être capturé, mis à plat et mis en espace.

Attlia Csörgö
— Peeled City, 2002. Douze Photographies couleur. 20 cm chacune en trois cadres (23 x 90 cm chaque).
— Peeled City, 2002. Dessins. Crayon sur papier. 40 x 77 cm.
— Orange Space, 2004. Bandes en spirales photographiques, noir et blanc, présentées en deux parties. Image bidimensionnelle 50 x 130 cm. Image sphérique 20 cm de diamètre.

Yann Sérandour
— Grille, 2002. 92 épingles et fils de couleur. Tissage à même le mur. 22 x 17 x 03 cm.
— Bookstack, 2005. Pile de livres trouvés dont les titres jouent avec l’expression «A needle in a haystack». Dimensions variables.

François Morellet
— Carrément n°1, 2003. Laque industrielle sur médium (PDF). 114 x 124 cm.

Robert Breer
— Time Flies, 1997. 16 mm, 5 minutes, couleur, son optique. Copie non numérotée.
— Tableau, 1965-2000. Toile sur chassis, moteur. 46,5 x 62 cm.
— Borne, 1967. Polystyrène, peinture, moteur. 142 x 18 x 18 cm.
— Column, 1967-2003. Aluminium, moteur. 168 x 37 cm.
— Homage to John Cage, 1963. Pièce Unique. Mutoscope, plastic, metal, peinture à l’acrylique. 112 x 25 cm.

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