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The Truth About your own Tolerance for Cruelty

08 Nov - 12 Jan 2008

Cette exposition de Vittorio Santoro comporte des dessins basés sur la répétition, une œuvre inspirée d’un roman de Dostoïevski, une composition de néons et une sculpture vidéo interactive.

Vittorio Santoro
The Truth About your own Tolerance for Cruelty

S’il fallait transmettre un message avant tous les autres, pourrait-on compter sur sa propre main pour le façonner comme il avait été conçu, sans que les permutations de l’exécution motrice ne révèlent plus sur soi-même que les mots eux-mêmes ? Ces travaux minimalistes basés sur le temps paraissent être nés dans un sentiment d’urgence et un besoin d’enquête. La présente exposition individuelle rassemble les pratiques variées de Vittorio Santoro, toutes marquées par une investigation multiforme sur la construction du sens. Des dessins basés sur des processus de répétition et d’itération, une oeuvre en deux parties basée sur un roman russe, un autre travail à base de néons placé dans la vitrine principale de la galerie et une sculpture vidéo réactive au visiteur, transforment des propositions philosophiques en réalités physiques.

En partie expression poétique, en partie expérimentation sémantique, les dessins en textes de Santoro sont chargés d’un sentiment du temps qui passe. À l’effort mental et physique que présuppose l’activité de retracer la même phrase jour après jour pendant six mois s’ajoute un sentiment curieux que certaines traces de processus neuronaux, stimulateurs du rituel corporel, puissent rester piégées entre les couches d’encre et de graphite. La trace de texte initiale paraît plutôt être agencée qu’imprimée dans la limite de la feuille de papier, peut-être pour transmettre la complexité de l’interprétation linguistique. Tandis que certains travaux résonnent immédiatement avec un sens profond, d’autres prennent forme lentement dans l’esprit comme s’ils avaient été « marinés » dans celui de Santoro.

Si Santoro rend ouvertement hommage aux pratiques de performances systématisées d’On Kawara ou de Vito Acconci, il y a dans ses brèves spéculations quelque chose de littéraire, parfois proche du dadaïsme. Qu’est-ce que l’« éléphant dans la chambre » ? Une métaphore pour un fantôme personnel, peut-être ; ou une situation de non-dit entre les parties si grande qu’elle occupe presque l’ensemble de l’espace conceptuel disponible ? Les allusions spectrales, la spécificité de la composition de la phrase en néon To Repel Ghosts, par exemple, maintiennent la phrase en oscillation entre le présent et l’après. Les à-pics vertigineux entre les caractères, du haut au bas de la fenêtre, pourraient évoquer une fracture émotionnelle ou spirituelle ou encore un pont associatif entre des états différents.

Au milieu d’une large feuille de papier, les mots en majuscules « To Believe That More of the Same Will Make Us Right Again » apparaissent comme un petit nuage rectangulaire sur une barre verbale, coupée des mots « of the Same ». La marque diffuse, preuve d’un labeur physique sur la page, suggère la difficulté potentielle à lâcher une telle pensée dans le monde, tandis que l’insertion en bâton dans l’expression déplace subtilement le centre d’attention émotionnelle entre l’espoir et le travail pénible. La césure poétique, qui dans d’autres dessins pourrait se référer au placement invisible d’un miroir, est ici une manifestation visuelle d’un hiatus verbal où les mots en question sont littéralement tombés de la bouche qui les a formé.

De manière semblable, Il fait jour ? (Il ne fait pas nuit) assisted version (2007), qui comporte une vidéo ainsi qu’un élément sculptural, questionne les moyens habituels et normalement utilisés pour extraire un sens d’interactions verbales ou physiques.
Désireux d’inspecter la figure masculine sans tête sur l’écran – tentative de mettre en contexte la voix désincarnée qui proclame quatre phrases et les répète tout au long de la vidéo –, le spectateur déclenche involontairement un détecteur, suscitant un claquement violent de la porte métallique attachée au mur.

Enfin, F. Dostoyevsky: C. and P., page 67 (Penguin Popular Classics), divided vertically (2007), travail en deux parties basé sur le roman de l’auteur russe, est une transcription d’une page particulière, coupée verticalement en deux. Les deux parties sont fixées dos à dos sur un seul mur, où l’une est brûlée et l’autre intacte.

Ces travaux inspirent le sentiment d’être capable d’arrêter le temps et de négocier sur le plan physique des mots récemment échappés dans l’éther.

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