ART | EXPO

The Player | Touching Reality

27 Jan - 14 Fév 2015
Vernissage le 27 Jan 2015

Les œuvres de Thomas Hirschhorn témoignent d’une résistance et d’un goût certain pour l’excès. Touching reality est une vidéo choc qui présente des vues en gros plan de corps déchiquetés qu’une main fait défiler sur une tablette numérique. Sans qualité esthétique et sans concession, ces images s’opposent au cliché édulcoré diffusé dans la presse.

Thomas Hirschhorn
The Player – Touching Reality

Les œuvres de Thomas Hirschhorn se caractérisent par un goût certain pour l’excès. Des matériaux pauvres (stylo bille, carton, adhésif, aluminium, pneus) y prolifèrent en abondance, colonisant les espaces depuis la surface d’un simple carton jusqu’aux sols et murs des salles d’exposition. Elles intègrent un usage généreux d’images trouvées et de questionnements (interrogations, citations tronquées). Les visuels, sujets et mots choisis interpellent, voire dérangent. Ils se caractérisent par leur violence, par leur nature outrancière ou encore par leur dénonciation d’un système. Agissant comme une décharge sur le visiteur, ils se font l’écho de la virulence de la critique de Thomas Hirschhorn envers la société contemporaine. Les œuvres de l’artiste témoignent d’une constante résistance et d’une interrogation permanente au sujet de la place et du pouvoir de l’art dans la politique.
«Je crois que l’art est universel, je crois que l’art est quelque chose d’autonome, je crois que l’art peut provoquer un dialogue ou une confrontation — d’un à un — et je crois que l’art peut inclure chaque être humain.» affirme-t-il.

La vidéo Touching Reality est une œuvre choc. À l’image, des vues en gros plan de corps déchiquetés qu’une main fait défiler sur une tablette numérique. Victimes de conflits d’aujourd’hui, ces corps détruits montrent une réalité qu’on ne veut pas voir. On découvre ces images au travers du support d’une tablette, ce qui n’est pas hasardeux: Thomas Hirschhorn produit ainsi un filtre supplémentaire entre les images et le spectateur, arguant de la distance que nous, regardeur, souhaitons maintenir avec cette horrible réalité.
Cette distance est pourtant annihilée par le geste de contact direct avec l’image qu’induit ce nouveau type de support numérique: le passage d’une image à l’autre se fait par l’entremise d’une caresse et l’effet zoom est obtenu par un contact prolongé sur les plaies béantes. Cependant, froids et peu engagés, ces gestes désignent avant tout un zapping.

L’accumulation des corps, dégagée de toute partisanerie, démontre une redondance de la volonté de détruire, mais sans en supporter les résultats, refusant de les voir. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas diffusées dans les médias. L’artiste puise ses sources sur internet. Ces images de basses qualités et amateurs répondent à une urgence de l’instant, peut-être aussi à une forme d’émancipation du citoyen cherchant à produire sa vérité des faits. Sans qualité esthétique et sans concession, elles s’opposent au cliché officiel qui, édulcoré, est (presque) décemment diffusé dans la presse.

«Regarder des images de corps humains détruits est important, car cela peut contribuer à comprendre que l’acte incommensurable n’est pas de regarder, ce qui est incommensurable est d’abord que cela soit arrivé — qu’un humain, un corps humain ait en effet été détruit, et qu’un nombre incommensurable d’êtres humains aient été détruits. […] Je suis sensible et je veux être sensible, et en même temps, je veux rester éveillé, je veux être attentif. Je ne veux pas me distancer, je ne veux pas regarder ailleurs, je ne veux pas détourner le regard.» (Thomas Hirschhorn)

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