ART | EXPO

The Player | Apelo

17 Nov - 19 Déc 2015
Vernissage le 17 Nov 2015

Clara Ianni s’intéresse à la construction de la mémoire de son pays natal, le Brésil. Suite à l’armistice de 1979, la population brésilienne est en proie à un oubli généralisé de son histoire sous la dictature, dont les responsables n’ont pas été jugés et où les victimes sont enterrées anonymement.

Clara Ianni
The Player Apelo

En 1979, une loi d’amnistie promulguée par le gouvernement militaire impose le pardon pour les crimes et actes de torture menés par les agents de l’Etat, qui vaut également pour les opposants au régime. Cette loi, instituant un oubli généralisé, a construit une réconciliation artificielle, interdisant toute possibilité pour la population de construire sa propre transmission des faits, sa propre mémoire. Le régime a donc installé une autre forme de violence à partir de 1979: l’éradication des faits, l’oubli des victimes qui, après leurs disparitions physiques, disparaissent symboliquement une seconde fois au travers de cet oubli institutionnalisé. Il n’y a toujours pas eu à ce jour de procès contre les responsables de violations des droits de l’homme.

Plusieurs œuvres de l’artiste témoignent de ces processus d’occultation. Elle les matérialise notamment au travers de sculptures (panneaux de zinc coulissants ou mur de parpaing mobile) qui, manipulées par les visiteurs, viennent obstruer et masquer ce qu’ils souhaitent. L’artiste souligne là la notion de choix dans le processus d’occultation. Dans ses récentes vidéos, Clara Ianni révèle de nombreux cas de décès dus, à des répressions policières ou militaires. Récurrents, même en dehors des années de dictature, ces épisodes dramatiques semblent démontrer que la violence est un élément structurant de l’histoire du pays et de son fonctionnement général.

Apelo (2014) a été tournée dans le cimetière Dom Bosco qui servait de fosse commune clandestine pour les victimes de la dictature militaire. Ce cimetière est toujours en activité, officiellement pour accueillir les dépouilles des indigents. Il demeure également une opportunité pour accueillir les victimes des trafics les plus divers jusqu’aux victimes actuelles des violences policières et militaires. Debora Maria da Silva, militante pour les droits de l’homme est la narratrice du film. Elle dénonce l’anonymat des sépultures, dénonce l’oubli systématique. Dans ce film, on voit des agents travailler à la chaîne, retourner la terre, creuser des trous en surface pour y plonger des cercueils anonymes non fermés. Le sol est labouré, constamment remué. Le travail de mémoire est impossible.

Repères biographiques
Née en 1987 à Sao Paulo, Clara Ianni est une artiste brésilienne basée à Sao Paulo et à Berlin. Diplômée en Arts visuels de l’Universidade de Sao Paulo et en Anthropologie visuelle et médiatique de la Freie Universistät de Berlin, elle s’intéresse aux contradictions du processus de modernisation du Brésil en regard de son histoire. Utilisant des médiums variés (sculpture, vidéo, installation), elle dénonce une version officielle de l’histoire dont l’hégémonie ne laisse que peu de place à une histoire parallèle, volontairement occultée ou dont la mémoire est négligée.

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