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The Picture Collection

16 Nov - 21 Déc 2013
Vernissage le 16 Nov 2013

Dans la série The Picture Collection, Taryn Simon met en évidence cette impulsion de l’archivage et de l’organisation de l’information visuelle, et pointe les mécanismes qui régissent les systèmes apparemment neutres de collecte d’images. L’artiste voit en ce vaste fonds d’archives iconographiques un précurseur des moteurs de recherche en ligne.

Taryn Simon
The Picture Collection

«Il est naturel de rechercher l’ordre, d’essayer de trouver des moyens de comprendre le chaos qui nous entoure. The Picture Collection dévoile ce besoin constant de catégoriser, d’élaborer des méthodes pour indexer, contrôler et comprendre l’information qui a précédé les possibilités offertes par la technologie.» Taryn Simon

La série The Picture Collectionse compose de 49 pièces créées à partir du fonds d’archives iconographiques de la New York Public Library, un joyau méconnu de cette vénérable institution. Ce fonds d’archives compte 1,29 million d’estampes, cartes postales, affiches et images soigneusement récoltées dans des livres et des revues. Organisée selon un système de catalogage complexe de plus de 12000 rubriques, il s’agit de la plus grande bibliothèque iconographique de prêt au monde.

Depuis sa création en 1915, cette « Picture Collection » a constitué une ressource importante pour des écrivains, historiens, artistes, réalisateurs, graphistes et agences de publicité. Diego Rivera, qui s’en est servi pour sa fresque murale au Rockefeller Center, Man at the Crossroads (1934), a noté que l’ampleur de ce fonds d’archives iconographiques pourrait contribuer à façonner des visions contemporaines de l’Amérique. Il suggérait ainsi que les «accidents» d’aujourd’hui pourraient servir de base à la compréhension collective de demain. Andy Warhol a fréquemment eu recours à cette collection, avec un intérêt particulier pour les images publicitaires — nombre d’entre elles qu’il a empruntées ne furent d’ailleurs jamais rendues.

Le contenu et les catégories du fonds de The Picture Collection répondent à un simple algorithme, au hasard des donations successives d’images, aux préférences des bibliothécaires et aux demandes spécifiques des utilisateurs de la bibliothèque. La collection fait coexister des images inscrites dans l’histoire et d’autres qui ne le sont pas. Ce nivellement des hiérarchies place des images publicitaires génériques à côté de photographies de Weegee ou Steichen, ou encore une reproduction d’un Rauschenberg à côté d’une carte postale ou d’une œuvre d’un artiste anonyme.

Dans la série The Picture Collection, Taryn Simon met en évidence cette impulsion de l’archivage et de l’organisation de l’information visuelle et pointe les mécanismes qui régissent les systèmes apparemment neutres de collecte d’images. L’artiste voit en ce vaste fonds d’archives iconographiques un précurseur des moteurs de recherche en ligne. L’idée que le passé recèle un futur aussi improbable est au cœur de The Picture Collection. Le numérique est préfiguré par l’analogique, et en même temps l’histoire — ses classifications, ses contenus — semble être sujette à une projection.

Les visiteurs pourront également découvrir une sélection de Black Square (2006-2013). Pour cette série, Taryn Simon a photographié des sujets déconcertants, chacun mettant en évidence une complexité, un effondrement ou une ambiguïté culturels spécifiques dans un format identique au chef-d’œuvre suprématiste de Kasimir Malevitch de 1915.

Le Carré Noir de Malevitch — un carré noir élémentaire peint sur une toile, avec une bordure blanche — représentait à la fois une fin et un commencement dans l’histoire de l’art, une tentative de créer un nouveau mode de représentation visuelle dépourvu de signification sociale ou politique explicite, mais avec des implications dévastatrices pour l’image peinte.

Dans cet hommage contemporain, Taryn Simon embrasse les intentions esthétiques pures de Malevitch et son impact profond sur l’histoire de l’art et de la communication visuelle, mais les transpose sur un terrain contemporain. Comme dans certaines séries précédentes de l’artiste (A Living Man Declared Dead and Other Chapters I-XVIII, 2011; Contraband, 2010), le cœur de Black Square se trouve fréquemment dans l’espace entre l’image et sa légende.

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