ART | EXPO

Étienne Bossut, Lilian Bourgeat, Loris Cecchini, Delphine Coindet, Tony Cragg, François Curlet, Franck David, Philippe Decrauzat, Ivan Fayard, Peter Fischli, Sylvie Fleury, Mark Handforth, Mona Hatoum, Jeppe Hein, James Hopkins, Rebecca Horn, Henrik Plenge Jakobsen, Véronique Joumard, Martin Kippenberger, Yayoi Kusama, Emmanuelle Lainé, Bertrand Lavier, Le Gentil Garçon, Claude Lévêque, Didier Marcel, Christian Marclay, Mathieu Mercier, Wilfried Mille, Jean-François Moriceau, Kirsten Mosher, Petra Mrzyk, Olaf Nicolai, Tony Oursler, Steven Parrino, Bruno Peinado, Mick Peter, Jaime Pitarch, Guillaume Poulain, Delphine Reist, David Shrigley, Roman Signer, John Tremblay, Gavin Turk, Ida Tursic, David Weiss
The Freak Show

Les «freaks», ces étonnants phénomènes de foires, ces êtres humains «monstrueux» longtemps considérés comme «anormaux», popularisés par le film éponyme de Tod Browning (1932), étaient exhibés, surtout aux Etats-Unis, dans le cadre de spectacles intitulés «Freak Show», du milieu du XIXe jusqu’au début du XXe siècle.

Si certains freaks exécutaient des tours, des numéros extraordinaires (fakirs, contorsionnistes, avaleurs de sabres…), la plupart d’entre eux se contentaient d’être ce qu’ils étaient — nains, géants, siamois, femmes ou hommes tatoués, femmes à barbe… — et, en fait de spectacles, il s’agissait surtout d’expositions statiques au cours desquelles les freaks restaient immobiles face au public. Les showmen, les bateleurs qui les présentaient les gratifiaient d’identités fictives et présentaient le récit extraordinaire de leur vie. Ainsi, si être très grand n’est qu’une caractéristique physique, être un géant implique évidemment quelque chose de plus.

Les Freak shows étaient installés en marge des expositions universelles, ou bien à côté des cirques, sous la forme de side shows (petits spectacles en marge de plus grandes manifestations, comme les ménageries d’aujourd’hui à côté des cirques ambulants). L’idée de cette exposition intitulée «The Freak Show», consiste à transposer la structure de ces «expositions spectacles» en appliquant leur principe et leur scénographie à des œuvres d’art récentes qui peuvent être considérées comme «monstrueuses», c’est-à-dire dont la conformation peut sembler anormale par excès, défaut ou dans une position étrange, en excluant toute représentation du corps humain.

L’exposition de Lyon s’ouvre sur une façade peinte de Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, reprenant le principe des bannières des side shows. Attiré par le mouvement incessant des drapeaux de Delphine Reist qui s’agitent devant cette façade, le visiteur est informé de ce qui l’attend à l’intérieur avec la pièce lumineuse de Claude Lévêque justement intitulée Anormal. Conçue en trois parties, cette exposition rassemble un ensemble d’œuvres freaks : œuvres siamoises (T42 de Mona Hatoum), troncs (Cubcul de Delphine Coindet), à tête d’épingle, naines (Lamp Post de David Shrigley) ou géantes (Le plus long ballon du monde de Laurent Perbos), à barbe, avaleuses de sabres, tatouées, albinos, asexuées, à la peau élastique (Mécalac 11CX de Sylvain Grout et Yann Mazéas), obus, difformes, chimériques, etc. Deux grandes salles se succèdent, l’une recouverte d’un papier peint aux couleurs hypnotiques de Henrik Plenge Jakobsen et rappelant l’intérieur d’un chapiteau, et l’autre plongée dans le noir, plus particulièrement consacrée à la magie.

Dans la première salle, où la plupart des objets «monstrueux» sont juxtaposés sur un grand podium périphérique reprenant la structure des side shows, le visiteur découvre un univers étrange où les oeuvres prennent une dimension nouvelle. Déformé par les miroirs de Olaf Nicolai, le visiteur devient à son tour objet de difformité. Dans la seconde salle, les objets se jouent de la pesanteur (Corner Cubes de Jeppe Hein ou encore Rocking Chair de James Hopkins) jaillissant de l’obscur (Talking Light de Tony Oursler). Cette exposition démontre également comment la constitution d’une identité «monstrueuse» est induite par le contexte général de la mise en scène. Le rapport à l’autre, la notion d’anormalité ou encore d’anomalie, sont alors placés sous les feux de la rampe, mettant en lumière les jeux possibles d’une construction de la différence.

Commissaires invités
Lionel Mazelaygue, Vincent Pécoil et Olivier Vadrot, Fondateurs du Centre d’art La Salle de Bains à Lyon.

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