ART | EXPO

The Emmaüs Bride

15 Nov - 10 Jan 2009
Vernissage le 15 Nov 2008

La série The Emmaüs Bride porte la trace des rideaux et des draps achetés chez Emmaüs et "imprimés" sur sa toile. Thomas Fougeirol crée ainsi des contacts énigmatiques comme aux prémices de la photographie et met le spectateur en présence d’un monde spectral.

Thomas Fougeirol
The Emmaüs Bride

La galerie Praz-Delavallade est heureuse de présenter la première  exposition qu’elle consacre à Thomas Fougeirol qui vit et  travaille entre Paris et New York.

La pratique artistique de Thomas Fougeirol s’apparente à une dramaturgie de l’absence ou de la disparition à travers la photographie, le dessin et la peinture.

Dans ses précédentes séries, Thomas Fougeirol semble privilégier les enveloppes et les accessoires corporels (crânes, lits, robes…) pour donner à sentir ce qu’est vraiment le corps humain, sa puissance émotionnelle, son impact affectif, sa réalité charnelle.

Comme si ce que le corps laissait derrière lui témoignait de son essence. Dépourvus de toute présence mais aussi d’environnement réaliste, ses sujets flottent dans le vide, basculent dans l’abstraction. Dans cette volonté de représentation de la disparition et de l’effacement ce qu’il interroge, c’est la peinture elle-même.

Sa dernière série, « The Emmaüs Bride », nous met en présence d’un monde spectral. Cette série marque également un tournant dans sa pratique artistique par l’utilisation d’une nouvelle technique picturale.

Utilisant des rideaux et draps de lit achetés chez Emmaüs pour faire une empreinte sur sa toile, il crée des contacts énigmatiques comme aux prémices de la photographie.

La question du positif et du négatif est au coeur de sa façon de construire des images. Entre apparition et effacement, la toile attend d’être révélée.

L’utilisation de l’empreinte relève aussi d’une pratique primitive qui met en avant la physicalité de la peinture et la relation corporelle qui est en jeu entre le peintre et son tableau.

Ici, il y a une mise à distance par l’utilisation de draps pour impacter la surface. Cependant ces vestiges qui portent le souvenir des espaces et des vies qu’ils ont occupés précédemment ne sont pas des outils neutres, au contraire, leurs charges émotionnelles, leurs mémoires participent à l’élaboration de l’oeuvre.

Ce que Thomas Fougeirol entreprend dans cette nouvelle série, c’est une critique de la peinture à travers diverses stratégies d’appropriation: l’empreinte, le recouvrement, l’utilisation du motif all-over, le camouflage.

Il commence à considérer les possibilités associées à la répétition de motifs all over pour construire une peinture.

Ici, les motifs banals ou kitch du dessin textile qui se devinent dans les empreintes ont remplacé le sujet au centre de la toile. Il introduit un ordre arbitraire dans la composition par l’utilisation d’un procédé intimement lié au hasard.

Ce processus de recouvrement est double: non seulement dans la surimpression, la multiplication des couches, la saturation, mais aussi par l’utilisation de l’empreinte de rideau qui est une allusion à la peinture conventionnelle comme fenêtre.

D’autre part, l’introduction de la peinture argent crée un effet miroir qui inclue la lumière et le mouvement de celui qui regarde dans la surface de la toile et implique un engagement actif, physique du spectateur.

A travers ces empreintes, qu’il appelle des “Curtain crash”, Thomas Fougeirol autorise sa peinture à être contaminée par des éléments extérieurs, il crée une ouverture dans la traditionnelle relation du peintre avec son tableau et son sujet.

Ce qui est en jeu ce n’est plus quoi peindre mais comment. C’est l’acte de peindre et les propriétés physiques de la peinture qui deviennent plus importantes. En procédant par l’exclusion de ce qui n’est pas essentiel (la couleur, la composition hiérarchique, le sujet, la touche) il recentre son travail sur l’acte plus que sur l’image.

critique

The Emmaüs Bride

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